GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Et si les gauches du parti NPS, NM, FM s'étaient unies ?

Ces 42 % ont plusieurs visages. D'un côté, ils sont décevants car la victoire du « non » était possible. D'un autre côté, ils sont un formidable résultat dans les conditions où ils ont été acquis malgré la pression médiatique et légitimiste, malgré le chantage « au chaos » et à « l'isolement », malgré une forte participation des adhérents les moins impliqués du Parti (comme quoi les vrais bons militants et les autres pèsent et chacun une voix, ne l'oublions jamais), malgré les cas de participation à 100 % (pas un absent, pas un malade, pas un travailleur du soir, 750 votants sur 750 inscrits à la Réunion ), et les doutes sur certains votes dans les grandes fédérations (Bouches du Rhône, Pas de Calais).

Il y avait, au départ, 37,5 % des voix du Congrès de Dijon obtenues par les 3 motions Nouveau parti socialiste, Nouveau monde et Forces militantes, trois courants unis par le « non ». Arithmétiquement, en septembre, octobre, on pouvait donc sérieusement croire que le « non » pouvait l'emporter avec l'apport de secteurs non négligeables de la motion A et celui des fabiusiens. Il y avait une majorité nette pour le « non » au Bureau national et au Conseil national ! Sur le papier, la barre des 50 % de « non » devait donc être dépassée.

Mais l'apport des fabiusiens, s'il fut sincère, n'a pas été massivement suivi par leur base : 33% de oui en Seine-Maritime, (Laurent Fabius) 49,5 % de oui dans les Ardennes, (Jean-Paul Bachy) 52 % de oui en Seine Saint-Denis, (Claude Bartolone) des 54 % de oui dans le Tarn (Paul Quilés)... Pas facile pour les militants de faire des voltes-faces : éduqués par les prises de position antérieures de Laurent Fabius, ils inclinaient vers le « oui »... ils y sont demeurés fidèles. Ce fut pareil pour des militants de la motion Hollande du Congrès qui ont voté “ non ” par fidélité aux engagements de cette motion, et aux « sept exigences » du CN de novembre 2003 qui reprenaient une bonne part de nos critiques fondamentales sur l'Union Européenne.

Mais légitimisme et suivisme de la direction en place ont pesé. Au-delà de Manuel Valls, de Marie-Noëlle Lienemann, de certains des amis de Julien Dray (Laurence Rossignol, Daniel Goldberg), de Jean-Pierre Masseret, de Martin Malvy, les militants de la motion A qui ont rejoint le « non » (malgré des points forts là-aussi, 58 % dans l'Aude) n'ont pas été si nombreux que cela.

Quel est l'étiage de ces deux types de renfort ? de 5 à 10 %, c'est difficile à déterminer exactement. Dans la partie des 37,5 % de Nm, Fm, Nps, il y a donc eu de la déperdition. Combien ? entre 2, 3 et 4 % sans doute. Celle-ci aurait sans doute pu être évitée et compensée si les deux courants principaux avaient été encore plus engagés et surtout plus unis. Il y a eu des points forts incontestables : dans les Landes (80,44 %) et dans la Somme ( 81,76 %) Quelques secteurs de Nps, peut-être venus sur des bases politiques incertaines au moment du Congrès, se sont ralliés au oui (dont la sénatrice de l'Essonne, un député du Bas-Rhin, quelques conseillers régionaux, et localement, des groupes de pression tactique dans certaines fédérations ).

Nouveau Monde, fut certes plus solide (les résultats fédéraux et locaux parlent), mais on dit que dans telle fédération méditerranéenne, il y a eu plus de négociation que de conviction, et des dirigeants nationaux (Guy Labertit) ont milité pour le oui alors que d'autres résultats ont été décevants (chez le sénateur Jean-Pierre Michel...). Difficile d'avoir une forte dynamique quand des équipes diverses (Prs, Parti Pris, Nm jeunes, poperenistes, emmanuellistes, etc...) entretiennent des rapports compliqués.

Malgré de grands efforts, le rendement n'a donc pas été maximal. Alors que le « oui » affichait aussi souvent que possible une unité pourtant factice entre Jack Lang, Dsk, Martine Aubry et François Hollande, on ne peut pas dire qu'il en était de même entre Nm et Nps. Laurent Fabius réalisait une « Mutualité » à Paris. Nm et Nps malgré des engagements précédents s'en sont tenu à leurs universités respectives de Fouras et Douai. Le tardif “meeting jeune” parisien n'a pas eu l'impact attendu. Cela a sans doute empêché de faire vibrer les militants, vers une alternative décidée et unie. C'est aussi parce que l'affichage de la coordination entre les trois tendances n'a pas été parfaite que Laurent Fabius a d'autant plus facilement trusté l'attention des médias. Au lieu de faire vivre un « pôle des 40 % du non » capable de s'ouvrir sans crainte aux nouveaux arrivants, y compris en faisant des « gestes » plus unitaires, il y a eu préférence pour des campagnes parallèles.

Les questions de préséance feutrée entre les co-leaders des tendances ne permettent pas de faire fructifier l'acquis de Dijon autant qu'on le pourrait. Puisque notre candidat de 2007 doit d'abord être “ le projet ”, pourquoi n'a t-il pas été tenté de construire un courant commun à partir des idées (et les convergences ne manquaient pas) entre tous ses animateurs à son service ?

Redisons-le franchement ici, avoir organisé deux universités d'été séparées a été un manque pour nos idéaux partagés : nous y aurions rassemblé 3 à 4000 militants voire plus dans un élan puissant et fécond. Les outils communs de ce grand courant de 40 % du Parti (presse, formation, action publique, etc...) auraient été bien supérieurs à ceux que les multiples sensibilités des deux courants ont pu laisser se développer (mais pas trop, des fois que l'une l'emporte sur l'autre). Les ressources militantes qui auraient pu être rassemblées et libérées auraient certainement été plus entraînantes dans la bataille du “ non ” au référendum du 1er décembre.

La même question se retrouve posée pour le « projet 2007 ».

Va t on aller à la bataille dans le même dispositif, proche mais parallèle, coordonné mais distinct, convergent mais jaloux des particularités de chacun ? D'autant que la direction du parti va faire traîner les choses, noyer les thèmes et questions clefs, se réserver de conclure tout en fin de processus... sous la même pression légitimiste au choix du candidat ?

Ne peut-on discuter, écrire, un « pré-projet », un schéma des questions clef incontournables entre Nps, Nm et Fm, puis le faire connaître et commencer à le diffuser, le populariser dans le parti, le discuter avec la majorité ? Si on ne prend pas une telle initiative, tout cela sera découpé en rondelle, éclaté, puis dilué sans que les militants ne voient les « arêtes » et ne puissent peser, choisir et trancher.

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