Du PS dépend toute la gauche
Selon, la vulgate libérale et sociale libérale, il ne fallait pas augmenter les impôts des plus riches, ce, dans l’intérêt des plus pauvres. Prétendument, il fallait soutenir les premiers pour stimuler l’économie et en faire profiter ensuite les seconds. A faire autrement, on risquait la fuite des capitaux !
Mais les capitaux n’ont pas fui, ils ont disparus dans les trous à rats des «subprimes
». Hé bien voilà qu’un social libéral, même modestement, renverse les clichés:
Gordon Brown diminue la TVA et compense en augmentant les impôts des
plus riches…
Là, le monde de Sarkozy devrait s’écrouler : car il est ainsi prouvé qu’on peut faire
une autre politique, à l’envers des dogmes véhiculés depuis les années thatchériennes
et reaganiennes. Par les temps qui courent, les critères de Maastricht (un
temps qualifiés de « stupides » par Romano Prodi) volent en éclats : on peut augmenter
davantage les déficits en investissant pour la relance, on peut augmenter les
impôts des riches et baisser la TVA… Reste peu de pas à franchir pour donner du
crédit aux travailleurs plutôt qu’aux banquiers en favorisant la relance par la hausse
massive des salaires. Pour lutter contre la récession, il apparaît qu’on devrait
redistribuer d’abord les richesses...
Mais Sarkozy n’admet naturellement pas cela. L’homme de Neuilly qui voulait aller
« chercher la croissance avec les dents » est en faillite. Ce petit frère des riches prétend
toujours que, pour se sortir de la crise, « on ne peut rien faire contre les licenciements
» : il propose de travailler le dimanche et jusqu’à 70 ans, il bloque le Smic
et 360 milliards d’euros à ses amis banquiers et banqueroutiers. Il facilite le chômage
partiel généralisé, tout en continuant d’encourager les heures supplémentaires
alors que le BIT nous annonce 20 millions de chômeurs en plus ! Il prétend que les
« caisses sont vides » alors qu’il maintient le bouclier fiscal qui protége les riches
des impôts républicains progressifs. Il dépense sans compter pour redonner des
fonds aux spéculateurs de l’économie casino pendant que le fossé social se creuse
vertigineusement. En dépit de son agitation, de ses G4, G8, G12, G20, G27 et de sa
couverture médiatique par TF1, il a tout faux. On approche des moments où cela se
voit de plus en plus et où l’explosion sociale sera impossible à contenir.
Reste la question clef : l’issue politique, l’alternative. Du PS dépend toute la gauche
et c’est pourquoi des millions de salariés, de syndicalistes, de militants se sont passionnés
pour les débats de Reims et les votes qui ont eu lieu. Ce fut un congrès très
politique et passionnant dont l’enjeu était extraordinairement clair: aile droite contre
aile gauche. L’aile droite du parti avec Ségolène Royal et les plus vieux secteurs de
l’appareil auxquels elle est liée, a été battue, d’abord largement sur le contenu des
motions, puis de façon plus serrée, lors de l’ineffable vote moins politisé sur les personnes.
Martine Aubry a gagné de justesse avec le reste de l’appareil divisé mais
grâce à l’aile gauche, la motion C - dont D&S est partie prenante avec le premier
signataire, Benoît Hamon. L’avenir mord la nuque de la nouvelle premier secrétaire : si elle gouverne « au centre » en perpétuant la méthode Hollande d’équilibre
entre tous, elle n’ira pas loin ni longtemps. Si elle penche vers l’aile droite royaliste
et strauss-kahnienne, elle passera à côté des urgences sociales et le paiera cher.
Reste un chemin presque pré contraint : donner un contenu aux «valeurs de gauche»
dont elle se réclame si fort. Nous retroussons nos manches pour que ce dernier choix
s’impose.