GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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Du moment Kerensky au putsch de Kornilov (#7)

Les « Journées de juillet » sʼétaient soldées par un cuisant échec pour les masses et par un sévère coup dʼarrêt pour les bolcheviks. À droite, la réaction relevait la tête face à un pouvoir toujours davantage aux mains des socialistes modérés. Les cadets soutenaient en effet formellement le nouveau gouvernement Kerensky, mais ils gardaient un pied au dehors pour mieux sʼimmiscer dans les tractations des forces contre-révolutionnaires bien décidées à en finir avec les soviets.

La répression qui suivit les Journées de juillet eut deux effets essentiels. Aux yeux des masses, elle jetait définitivement lʼopprobre sur les conciliateurs, ces étranges « socialistes » qui ne voyaient dʼennemis quʼà leur gauche. Elle encourageait du même coup la contre-révolution dans sa résolution à se débarrasser de ces alliés dʼun jour, voire du Gouvernement provisoire (GP) dans son intégralité, pour instaurer, en la personne de Kornilov, son propre pouvoir dictatorial.

Lʼère de la calomnie

Avant même la publication des prétendues « preuves » établissant les liens entre Lénine et lʼétat-major allemand, les dirigeants conciliateurs, assiégés dans le Palais de Tauride par les manifestants, proclamaient sans vergogne que « ceux qui ont osé sortir armés dans la rue pour imposer leur volonté à toute la Russie portent la responsabilité du sang versé dans les rues de Petrograd ». Lʼavertissement était sans frais. Lénine était loin de céder à la panique le 18 juillet quand il interrogea Trotski en ces termes : « Ne vont-ils pas nous fusiller tous ? »...

Le surlendemain, à 2 heures du matin, un détachement perquisitionne le logement de Lénine dans lʼespoir de mettre la main sur son locataire. Mais le leader bolchévique se cache dans les faubourgs ouvriers, tout comme Zinoviev. Ils sʼexpliquent le 28 juillet dans le journal bolchévique de Cronstadt (que lʼon nʼavait pu interdire) : « Se livrer aux mains des autorités, ce serait se remettre entre les mains des Milioukov et dʼautres contre-révolutionnaires forcenés pour lesquels toutes les accusations lancées contre nous sont un simple épisode dans la guerre civile ».

Fin juillet, la répression antibolchévique bat son plein. Selon Pierre Broué, « les locaux du parti, un peu partout, sont envahis et saccagés ». La Pravda est interdite, Lénine et Zinoviev se réfugient en Finlande. Quant à Trotski, il croupit dans la prison de Kresty avec dʼautres leaders bolchéviques. La presse de droite, qui colportait sans relâche les légendes sur « lʼor allemand » et sur le « wagon plombé », ne sʼy trompait pas. En son sein se multipliaient les exultations les plus décomplexées. « Nous triomphons, victoire ! », titrait par exemple la Narodnaja Gazeta fin juillet.

Lʼinfluence des bolcheviks, majoritaires à Petrogad, effrayait au tout premier chef la réaction. Mais elle escomptait que la calomnie quʼelle orchestrait savamment touche ensuite les autres socialistes, qui nʼétaient que des alliés de circonstance, en raison des pressions que les masses pouvaient encore exercer sur eux. Au dire de Marc Ferro, ce scénario se réalisa en grande partie, puisque « la répression glissa des bolcheviks à leurs amis », et même à leurs adversaires. « Gorki fut accusé de défaitisme. Puis Tséretelli signa un arrêté dʼexpulsion contre le Rabotchaja Gazeta de tendance menchévique pourtant avérée. Le journal SR de gauche Zemlja i Volja fut également persécuté ».

La formation du ministère Kerensky

Depuis la démission des ministres cadets, à la veille de lʼexplosion de juillet, les conciliateurs étaient aux commandes. Parmi eux, Kerensky, membre éminent des cabinets ministériels depuis Février, faisait figure de chaînon irremplaçable. Selon Trotski, « demi-cadet, demi-SR, Kerensky était dans le gouvernement, non point le représentant des soviets comme Tsérételli ou Tchernov, mais un lien vivant entre la bourgeoisie et la démocratie ». À la mi-juin, alors ministre de la Guerre, il avait été mis en ballotage au moment de lʼélection du CC du parti SR et les leaders populistes se démenèrent pour expliquer par la suite que « bien des suffrages avaient été refusés au camarade Kerensky parce quʼil était déjà surchargé dʼoccupations »...

Une déclaration gouvernementale, énonçant les principaux points de la plate-forme conciliatrice, fut publiée le 21 juillet afin de lancer les négociations avec les Cadets. Mais les discussions furent laborieuses, car les représentants de la bourgeoisie mettaient comme condition à leur participation la renonciation à ce programme. Par ailleurs, ils souhaitaient que soit mis un terme au contrôle gouvernemental que les soviets prétendaient exercer vis-à-vis du cabinet Kerensky.

Le 3 août, constatant que les pourparlers traînaient en longueur, Kerensky, dans un de ces gestes théâtraux dont il avait le secret, démissionna avec le gros des ministres. Seuls, les mencheviks et les SR restèrent en poste. Une réunion de médiation eut lieu et les Cadets confirmèrent leur confiance à Kerensky, enfin autorisé à former une équipe gouvernementale favorable à la déclaration du 21 juillet. Le Comité exécutif des Soviets se prononça également en faveur dʼun tel gouvernement, même si les représentants de la bourgeoisie avaient réussi à obtenir que le gouvernement ne subirait pas le contrôle formel des soviets... Ce gouvernement de « salut public », où les conciliateurs détenaient huit portefeuilles sur quinze, fut constitué le 5 août.

Selon les historiens M. Laran et J.-L. Van Regemorter, la crise ministérielle de juillet-août « aboutit à un résultat qui soulign[ait] plus nettement encore aux yeux des masses la responsabilité des socialistes, majoritaires dans le nouveau GP présidé par Kerensky : celui-ci, installé au Palais dʼHiver, sʼorient[ait] de plus en plus vers une politique belliqueuse et autoritaire que ne compens[ait] aucune réalisation sociale ».

La contre-révolution relève la tête

La répression que menait le GP contre les bolcheviks, voire contre tous les socialistes qui ne chantaient pas avec assez de conviction les louanges de la coalition, donnait incontestablement à la contre-révolution du grain à moudre. Tséretelli lʼa reconnu a posteriori dans ses Souvenirs, en écrivant : « Nous sentions derrière nous la respiration des éléments contre-révolutionnaires réveillés par lʼaventure bolchévique, qui sʼefforçaient de transformer les mesures de répression contre les bolcheviks en point de départ de la suppression de toutes les libertés ».

Début août, le magnat du textile Riabouchinsky menaça de généraliser les lock-out, lorsquʼil sʼécria en plein milieu du Congrès du commerce et de lʼindustrie : « La main squelettique de la famine et de la misère populaire saisira à la gorge les amis du peuple ». Lʼindustriel aurait eu tort de se priver, tant il devenait évident que, plus la réaction relevait la tête, et plus le GP reculait. Le ministre SR Pechekhonov se plaisait dʼailleurs à répéter : « Plus nous amènerons à nous de forces de la droite, moins il en restera pour attaquer le pouvoir ». Cette formule saisissante suffit à elle seule à expliquer lʼattitude strictement défensive – et à tout dire suicidaire – des conciliateurs ! La réaction sʼengouffra dans la brèche et la surenchère quʼelle pratiqua porta incontestablement ses fruits. Le 7 août, le cabinet Kerensky, qui sʼenorgueillissait de sa prétendue fermeté, décida de relaxer, sans contre-partie, les Cents-Noirs les plus connus.

Au même moment, la campagne en faveur de Kornilov prit un tour décisif. Le 19 août, lʼUnion des cosaques déclinait toute responsabilité au cas où Kornilov, « héros et chef » en viendrait à être destitué. LʼUnion des chevaliers de Saint-Georges nʼétait pas en reste, qui prévenait que, réduite de la sorte, elle donnerait immédiatement à ses affidés « lʼordre dʼagir en commun avec la Cosaquerie ». Cʼest donc presque en égal que Kornilov se rendit à Petrograd pour sʼentretenir avec Kerensky, en prenant bien soin de se faire escorter par des cosaques du Tek munis de mitrailleuses. Immédiatement après cette « visite », un ministre cadet fit savoir à Kerensky que lui et ses collègues démissionneraient « si le programme de Kornilov nʼétait pas accepté le jour-même ». Le GP se hâta alors dʼexaminer le rapport du généralissime et conclut sur la possibilité dʼappliquer ses principales préconisations « jusque et y compris la peine de mort à lʼarrière ».

La conférence de Moscou

Kerensky rêvait depuis des mois dʼôter aux soviets leur monopole de représentativité. Dès sa prise de fonction, il exprima la volonté de convoquer une grande conférence dʼÉtat dont les membres – désignés par ses soins – seraient réputés représenter la nation toute entière. Selon Marc Ferro, le ministre-président escomptait que, noyés parmi les délégués, les ouvriers et des soldats seraient impressionnés « par le savoir des élites, forces vives qui anim[ai]ent lʼindustrie [et] le commerce ». Lʼassemblée, qui comptait 229 représentants des soviets contre 488 membres des doumas locales et dʼinstances consultatives, fut finalement convoquée à Moscou, du 25 au 28 août, au motif avoué que lʼantique capitale des tsars était autrement plus paisible que la tumultueuse Petrograd.

La révolution priva Kerensky de sa retraite provinciale, puisque la grève générale fut décidée à Moscou par les syndicats, sur proposition du Comité bolchévique local, malgré un vote hostile du Soviet qui nʼavait pas été renouvelé depuis plusieurs mois. Selon Piatnitsky, membre du Comité bolchévique moscovite, la grève « se passa magnifiquement. Ni lumière, ni tramway ; les fabriques, les usines, les ateliers et les dépôts des chemins de fer ne travaillaient pas, et même les garçons de restaurant étaient en grève ».

La guerre civile couvait en dehors. Et même au sein du théâtre de Moscou, tous les effets de manche de Kerensky ne pouvaient dissimuler totalement les antagonismes sociaux. Et ce, alors que les bolcheviks avaient décidé de boycotter cette conférence anti-démocratique et que les bancs de lʼextrême gauche nʼétaient occupés que par la poignée de mencheviks internationalistes entourant Martov. Kerensky ne reçut dʼailleurs des applaudissements unanimes que lorsquʼil sʼécria quʼà lʼavenir, les soulèvements seraient « réprimés par le fer et dans le sang ». La haine du bolchévisme était décidément la chose la mieux partagée au sein de la Conférence !

Les membres de la coalition jouèrent le rôle que lʼon attendait dʼeux. Le ministre-président chercha par tous les moyens lʼassentiment de la droite, sachant que la gauche lui était acquise. Il se garda par exemple bien de prononcer le mot « république » pour ne pas froisser les monarchistes. Il réussit tout de même à indisposer la droite quand il fit savoir quʼen cas de coup dʼÉtat, il saurait soumettre les putschistes « à la volonté du pouvoir suprême ». Lʼallusion à Kornilov était trop explicite... Les ministres libéraux annoncèrent de leur côté des baisses dʼimpôt pour les plus riches et obtinrent que Tchernov se taise sur la question agraire. Côté conciliateurs, le terne document lu par Tchkheidzé au nom des soviets était, selon Trotski, « comme spécialement étudié pour ne pas donner satisfaction à la bourgeoisie tout en provoquant lʼindignation des masses ».

Dans cette pièce minutieusement répétée, il nʼy avait que le rôle échu à la droite qui nʼavait pas été fixé par avance. Kornilov, pourtant qualifié de « premier soldat du GP » par Kerensky, se permit dʼaffirmer que les mesures de ce même gouvernement avaient transformé lʼarmée « en une horde démente qui nʼa de cher exclusivement que sa vie ». Quant au magnat Boublikov, il eut le culot dʼaffirmer depuis la tribune, que la main tendue « par le noble leader de la Révolution Tséretelli au monde industriel ne restera[it] pas suspendue dans le vide », alors quʼil avait traité, une semaine plus tôt, les leaders soviétiques dʼindividus « malhonnêtes » et dʼ« ignorants [...] poussant le pays à sa perte »... La bourgeoisie hésitait entre la prolongation de son bail forcé avec les socialistes et la rupture de contrat ouvrant la voie au putsch.

Le complot au sommet

Le 21 août, lʼannonce de la chute de Riga parvint à Petrograd. Immédiatement, la réaction accusa pêle-mêle la révolution, les ouvriers jouisseurs à lʼarrière et les couards du front. Même les conciliateurs, soumis à la pression des comités de soldats, se sentirent obligés de protester. Les Izvestia déclarèrent en effet : « Il semble quʼil nʼy ait pas de boue que les journaux bourgeois nʼaient déversée sur lʼarmée révolutionnaire ». Lʼorgane du Soviet de Petrograd alla même jusquʼà dénoncer « une mystérieuse clique, extraordinairement proche des hautes sphères du commandement, [qui] accomplit une œuvre monstrueuse de provocation ». Mais, en vérité, le complot ourdi par lʼétat-major dissimulait aux yeux des leaders soviétiques les agissements suspects de leur « camarade » Kerensky.

Les négociations allaient en effet bon train entre le Palais dʼHiver et le GQG. Le 4 septembre, lʼéminence grise du ministre-président, Savinkov, se rendit auprès de Kornilov pour obtenir du généralissime la mise à disposition du gouvernement dʼun corps de cavalerie pour protéger Petrograd lors de lʼannonce des mesures contre-révolutionnaires préparées dans lʼombre par le GP. Le plan dʼattaque était prévu : faire venir des renforts, déclarer la ville en état de siège et seulement ensuite promulguer le train de lois réactionnaires qui produiraient certainement une riposte populaire spontanée quʼil conviendrait dès lors de réprimer et de mettre sur le dos des bolcheviks honnis. Pour Trotski, la mission de Savinkov auprès de Kornilov prouve à elle seule que Kerensky « sʼefforçait de sʼassujettir le complot ».

Au retour de Savinkov, Kerensky pouvait se croire maître à bord. Cʼest alors que le prince Lvov lui fit comprendre incidemment quʼil y avait en réalité deux complots distincts. Bien au fait des tractations entre putschistes, lʼancien président du GP réalisa pour le compte de son successeur la navette entre Petrograd et Mohilev et annonça, le 8 septembre, à Kerensky que lʼétat-major exigeait, en raison de lʼimminence du prétendu soulèvement bolchévique, « lʼimmédiate transmission du pouvoir par le gouvernement aux mains du généralissime ». Selon Trotski, « au moment où Kerensky et Savinkov se disposaient à liquider les bolcheviks – et partiellement les soviets –, Kornilov avait lʼintention de liquider aussi le GP. Cʼest précisément ce que ne voulait pas Kerensky ».

Le 9 septembre au matin, dans une interview largement reprise, Savinkov assurait que « le général Kornilov jouissait de la confiance absolue du GP ». Pourtant, depuis la veille, les ministres avaient remis leur démission et Kerensky concentrait tout le pouvoir entre ses mains. Dans la journée, il destitua Kornilov de son poste de généralissime. Dans sa proclamation aux troupes, le locataire du Palais dʼHiver, affirmait que le félon Kornilov, après avoir « prélevé des régiments du front », les avait « expédiés contre Petrograd »... Trotski a raison de dire quʼil ne lui manquait que lʼhonnêteté de préciser quʼils avaient été levés et mis en mouvement « non seulement de son su, mais sur son injonction directe, pour exercer la répression sur la garnison » !

Le putsch défait

Dans son appel à la Russie, Kornilov justifia son passage à lʼacte en accusant sans rire le GP dʼagir « sous la pression de la majorité bolchévique des soviets, en plein accord avec lʼétat-major allemand, qui dʼun côté organise une descente sur Riga, de lʼautre [...] désorganise le pays ». Le prince Troubetskoï, dans un télégramme chiffré, formulait le pronostic des classes dominantes : « Tout le commandement, lʼécrasante majorité du corps des officiers et les meilleurs effectifs combattants suivront Kornilov. […] À la force physique, il convient dʼajouter lʼassentiment de toutes les couches de la population non socialistes et, dans les basses classes, une indifférence qui se soumettra au premier coup de cravache ». Ce pronostic, où lʼoptimisme béat se conjuguait à la haine de classe la plus pure, sʼavéra totalement faux. Comme le note Trotski, lʼécrasement du putsch « se produisit, non seulement sans combat, mais même sans un coup de feu ».

Kerensky considéra rétrospectivement la journée du 10 septembre comme celle « des plus grandes inquiétudes ». Cʼest alors que Milioukov, qui savait tout des préparatifs de Mohilev, proposa sa médiation ! Kerensky finit par proposer de remettre le pouvoir à un directoire où pourrait siéger le général Alexeïev. Ces tractations furent stoppées net par lʼintervention dʼun comité rassemblant des représentants des trois partis soviétiques, du Comité exécutif des soviets, de lʼunion des syndicats et du Soviet de Petrograd. Pour Trotski, la création dʼun comité de combat ad hoc prouvait que « les institutions soviétiques dirigeantes se sentaient elles-mêmes caduques et avaient, pour les tâches révolutionnaires, besoin dʼune transfusion de sang frais ».

En trois jours, ce comité de combat, prenant de fait la tête de la résistance, mirent les putschistes en déroute. La classe ouvrière pétersbourgeoise avait immédiatement compris quʼune victoire de Kornilov signifierait son écrasement dans le sang. Pour mobiliser les masses, les dirigeants conciliateurs durent faire appel aux bolcheviks, qui, tout en maintenant leur caractérisation sur ces « camarades » devenus leurs bourreaux, acceptèrent le front unique contre la réaction. Lénine lançait, de Finlande, le mot dʼordre « Aucun soutien à Kerensky, lutte contre Kornilov ». Depuis sa prison, Trotski, quant à lui, répondait de la sorte aux matelots de Cronstadt venus lui demander sʼil convenait dʼarrêter le gouvernement : « Mettez le fusil à lʼépaule de Kerensky, tirez sur Kornilov. Ensuite, on réglera ses comptes à Kerensky ».

Poussant en avant leurs syndicats davantage quʼexécutant leurs ordres, les ouvriers de la capitale sʼorganisèrent en milice pour arrêter les agitateurs contre-révolutionnaires et préparer la défense de la capitale. Selon Pierre Broué, « partout se constituent des gardes rouges dont les bolcheviks sont les organisateurs ; dans les régiments, les soviets de soldats se multiplient, font la chasse aux kornilovistes, portant ainsi au corps des officiers des coups mortels ».

Mais les putschistes ne virent jamais ne serait-ce que les faubourgs de Petrograd. Les cheminots faisaient en effet dérailler les trains ennemis ou les envoyaient sur des voies de garage. Au dire du général Krasnov, « non seulement les chefs de division, mais même les chefs de régiment ne savaient pas où se trouvaient leurs escadrons. Le manque de nourriture et de fourrage irritait encore davantage les hommes [qui] voyaient toute lʼincohérence de ce qui se passait autour dʼeux et se mirent à arrêter les officiers ». Les bolcheviks, par leur agitation audacieuse, contribuèrent à faire basculer des régiments entiers que leurs chefs abusaient de manière éhontée.

Le 12 septembre, le Comité exécutif télégraphiait aux soviets de la Russie entière : « Dans les troupes de Kornilov, cʼest une complète décomposition ». Le généralissime déchu fut arrêté peu après, ainsi que 7 000 de ses partisans.

Jean-François Claudon (article paru dans la revue Démocratie&Socialisme n° 247 de septembre 2017)

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