GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Dsk à Tournefeuille

Je suis allé ce soir à un spectacle dans ma ville de résidence : Dsk. Ce ne fut pas un débat, mais un monologue. En l'absence inexpliquée du contradicteur pressenti, Paul Quilès, Dsk a passé plus de la moitié de son temps à raconter l'histoire de l'Europe, de ce qu'elle a permis, avant tout la fin de la guerre... "

Rendez-vous compte, l'Europe c'est la fin de la guerre ! Comment certains peuvent-ils être contre cette logique dont la constitution est le couronnement ? Et de citer Kissinger, De Gaulle et Giscard... des exemples, non ?

Le reste de la discussion ?

Assurément le traité apporte quelque chose par rapport au précédent, il contient plein d'avancées (donc il faut être pour), et tout était déjà dans les précédents (et donc on ne peut pas être contre). Les partisans du "non" se trompent, mentent sur le contenu du traité, renient les étapes précédentes de la construction européenne, refont l'histoire à leur avantage, abusent les militants en disant que "voter oui c'est être avec Chirac" : en fait, le " on " signifie uniquement la volonté de ne plus jamais signer aucun traité.

Selon lui, in fine, "le non est intellectuellement inacceptable", les partisans du "non" sont malhonnêtes dans leurs démonstrations approximatives, schématiques, ils n'ont pas conscience des suites qu'auraient leur vote, et c'est une coalition hétérogène qui " suit " sans comprendre des prétentions personnelles.

Perpétuellement il identifie le "non" à une volonté délibérée de stopper la construction européenne. Il invente de pseudo-paroles des tenants du non, assez sordides et ridicules pour que cela rende brillante sa propre prestation. Le "non" nous " disqualifierait aux yeux de l'opinion publique ", au moment où l'on a récupéré une crédibilité totale, nous ayant permis de rassembler autour de nos idées pour gagner toutes les élections depuis deux ans... En interne, si le non gagnait, il faudrait changer toute la direction du parti, et on voit mal qui pourrait mener nos affaires ?

L'atteinte à la laïcité ? Le mot laïcité n'existe pas dans les autres langues, et il faut bien composer avec les autres pays et leurs traditions.

Grand moment aussi, la démonstration sur l'unanimité : selon Dsk, rien ne serait plus désastreux que les principes essentiels communément admis soient remis en cause par un petit accord d'une partie des signataires. Il ne faut pas que le vote "non" d'un petit pays remette en cause l'application de ce traité...

Trois questions convenues, réponses bien éludées

Le tout s'est fini par un vibrant appel à vaincre, à chercher les indécis et les convaincre... Et on nous envoie au lit au bout de 2 h au total.

Sincèrement, jamais je n'avais entendu au sein du Ps des propos aussi agressifs et méprisants d'un dirigeant contre ses propres camarades. Je ne vois pas ce que Dsk pourrait aujourd'hui faire pour changer cette image qu'il a créée de lui ce soir, celui d'un sectaire pédant. Jamais je n'ai ressenti l'existence d'une telle secte clanique dans notre Parti. Dès l'entrée, ceux qui savaient que j'étais partisan du "non" me regardaient de travers (nous étions quelques-uns, mais pas très nombreux) et se sentaient obligés, par un humour très primaire, de préciser " qu'ici, c'était une réunion pour le oui... "

Je n'ai pas le temps de vérifier comme il l'a affirmé que la "concurrence libre et non faussée" n'est présente qu'une seule fois dans le traité constitutionnel, et qu'elle apparaît déjà dans le traité de Rome au mot près. Je n'ai pas le temps de vérifier que l'article sur les pratiques religieuses figure bien intégralement dans la charte de 2000, sans aucune modification, mais j'en doute.

(...) L'obsession de défendre contre le "non" et non pas "pour le oui" dénote toutefois une position bien moins glorieuse que le raz-de-marée attendu initialement, pour ce passage en force éliminant les minoritaires.

J'en oublie, c'est sûr, j'ai sursauté toutes les minutes, et je n'avais pas le cœur à noter tout ce que j'ai entendu.

Je suis horrifié par le risque majeur inclus dans cette attitude, parce que les cicatrices seront visibles. Si le oui gagne, la chasse aux sorcières sera cruelle, si le non gagne la guerre sera totale. Les partisans du oui n'ont pas d'autre point de chute et s'acharneront à garder le pouvoir...

Didier PUECH

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