De nouvelles attaques en perspective contre nos retraites
Pour Sarkozy et son gouvernement de néolibéraux attardés
qui n’a pas pour seule fonction que de défendre les intérêts
de moins de 1 % de la population, la crise est
conjoncturelle mais le déficit de la Sécurité sociale engendré
par cette crise est, lui, structurel.
Sarkozy compte bien profiter de la crise
En réalité, cette contradiction n’est qu’apparente : Sarkozy
compte bien profiter de la crise pour infliger une telle défaite au
salariat qu’avec les règles actuelles, le déficit de 20 milliards
d’euros prévu pour la fin de l’année ne pourra que s’aggraver,
servant ainsi de prétexte à une nouvelle attaque contre la
Sécurité sociale.
La bataille contre l’hôpital public, déjà largement entamée avec
la tarification à l’activité en 2004, passe au stade supérieur avec
la loi Bachelot. Même si, face à la mobilisation des hospitaliers,
le gouvernement a dû reculer et reporter l’alignement des tarifs
publics sur le privé à 2018, son but est évident : brader l’hôpital
public au secteur privé, « mercantiliser l’hôpital » comme
l’affirme le Professeur André Grimaldi.
Le financement de l’assurance-maladie glisse lentement mais
sûrement de l’assurance-maladie obligatoire aux régimes d’assurances
privées (mutuelles et compagnies d’assurance).
Et alors qu’il multiplie les tickets d’exclusion des soins (les
franchises et autres tickets modérateurs), le gouvernement de
MM. Sarkozy et Fillon «renonce à limiter les dépassements
d’honoraires des médecins ». Le traitement réservé aux régimes
de répartition est symptômatique
du double but
poursuivi avec opiniâtreté
par le Medef et son bras
armé, le gouvernement
Sarkozy : diminuer encore
plus le financement patronal
et ouvrir un champ de
plusieurs dizaines de milliards
d’euros annuels aux
capitaux privés (fonds de
pension, banques, compagnies
d’assurances…).
Les étapes de la
contre-réforme
des retraites
Veil-Balladur s’attaque
aux retraites de base du
secteur privé. Elle fait passer
le nombre de trimestres
permettant d’obtenir une
retraite à taux plein de
37,5 à 40 annuités et ne calcule plus le salaire de référence sur
les 10 mais sur les 25 meilleures années.
pour les cadres et ARRCO pour l’ensemble des salariés de ce
secteur) sont durement attaquées. Le montant global des
retraites par répartition diminue de nouveau.
publiques et des régimes spéciaux. Les mobilisations de
novembre-décembre l’obligent à reculer.
fonctionnaires. Après des mois de mobilisation, des millions de
manifestants, Fillon finit par l’emporter. Non seulement, il
aligne le public sur le privé (40 annuités de cotisation) mais la
durée de cotisation passera à 41 annuités de cotisation dans les
deux secteurs en 2012 et à 42 en 2020.
dans le temps et avec quelques concessions significatives) :
celui des régimes spéciaux sur les régimes de retraite du secteur
privé et de la fonction publique.
Rien de ce qui avait été promis n’a été tenu
Le montant des retraites ne devait pas diminuer, seule devait
augmenter la durée de cotisation. Mais comme le patronat
licencie sans merci les salariés de plus de 50 ou 55 ans, la réalité
est tout à fait différente : une baisse considérable du montant
des retraites qui fera qu’en 2030, la grande majorité des
salariés (avec les règles actuelles) se retrouvera sous le seuil de
pauvreté.
Les fonds de pension, l’épargne-salariale, le rendement des
actions, devaient permettre de constituer un «3e étage» pour nos
retraites. Après les crises boursières de la fin des années 1990
en Asie, Russie et Amérique Latine, avec la crise des « nouvelles
technologies » en 2000, avec la crise actuelle, qui peut
encore défendre une telle absurdité ? Le Fonds de réserve des
retraites mis en place par Lionel Jospin, n’a non seulement pas
été alimenté comme prévu par la droite, mais a perdu 20 % de
sa valeur, ses placements faisant une grande place aux actions.
De toute façon, ce fonds avait toujours été présenté par Lionel
Jospin pour ce qu’il était, c’est-à-dire pour un simple fonds de
« lissage » permettant uniquement de faire face à une augmentation
brutale des besoins de financement, mais jamais comme
un moyen structurel de financement.
Reculer l’âge de départ en retraite
Eric Woerth vient de relancer l’idée de différer l’âge de départ
à la retraite. Il se base sur le déficit du régime d’assurance vieillesse
qui pourrait atteindre 9 milliards d’euros fin 2009.
Mais la faute à qui ? Les recettes ont déjà baissé de près de
2milliards du fait des licenciements et de la stagnation des
salaires. Quant aux cotisations chômage que le patronat comptait
bien utiliser pour financer une partie des retraites, l’envolée
du chômage ne permet même plus d’évoquer cette « solution ».
Le MEDEF n’a jamais accepté la retraite à 60 ans. Il conjugue
donc ses efforts avec ceux du gouvernement pour en finir avec
cette conquête de 1982. Alors que Woerth s’attaque à la retraite
de base, le patronat s’en prend à la retraite complémentaire dont
les régimes (ARRCO et AGIRC) sont gérés paritairement par le
patronat et les syndicats.
Avant la crise, le MEDEF faisait le chantage suivant : un abattement
de 22 % du montant des retraites complémentaires pour
les salariés arrêtant de travailler entre 60 et 65 ans ou l’acceptation
d’augmenter progressivement l’âge du départ sans décote
sur le régime complémentaire (61 ans dans un premier
temps).
Avec la crise et la crainte d’une explosion sociale, le MEDEF a
dû mettre de l’eau dans son vin et a accepté de reconduire les
règles actuelles jusqu’à la fin 2010.
La crise et ses conséquences
Dans un premier temps, la crise rend le gouvernement et le
patronat prudents. Comment, en effet, demander à ceux qui ont
un travail de travailler plus longtemps alors que notre pays
comptera un million de chômeurs de plus en décembre 2009
qu’en décembre 2008 ? Tout le monde comprend bien que cela
ne ferait qu’augmenter le nombre des chômeurs.
Mais si le mouvement social et la gauche ne trouve pas de solution
au principal problème actuel des salariés de notre
pays (Sarkozy et son gouvernement), dans un second temps, le
poids du chômage et de la précarité risquent d’entraîner un repli
sur soi propice à des attaques encore plus brutales du capital
contre le salariat.
Les reculs opérés par le gouvernement et le MEDEF ne sont
que des reculs tactiques, ils espèrent bien que la crise leur permettra
d’accélérer la remise en cause de tous nos acquis
sociaux, dans le domaine des retraites comme dans les autres.
Les propositions précipitamment retirées de Worth et du
MEDEF ressurgiront alors avec encore plus de force.
Jean-Jacques Chavigné