GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Economie Théorie Histoire

Contre le poujadisme fiscal, pour une vraie réforme fiscale

« France : Le ras-le-bol fiscal plus fort que la grogne sociale » a titré le quotidien « les Echos » du 28 octobre. Dans le même article, pour traiter du mouvement des « bonnets rouges » bretons, le journaliste expose : « Cela va des paysans aux entrepreneurs, des petits patrons de PME aux représentants du Medef et aux salariés menacés de licenciement, à quoi s'ajoute un mécontentement diffus ».

Si cette façon de traiter le problème est pour le moins partiale, la confusion est bel et bien présente dans les esprits, et les rebondissements de la situation bretonne en sont symptomatiques.

Il est vrai qu’en taxant les petites retraites ou encore en permettant, malgré la loi de finance rectificative votée en 2012, que certains ménages à faible revenu deviennent imposables aujourd’hui, le gouvernement a permis que la fiscalité soit une composante supplémentaire de la grogne sociale.

C’est ainsi que l’opposition à l’écotaxe a pu devenir durant quelques semaines le cri de ralliement du patronat licencieur de la filière agro-alimentaire et des salariés menacés de Gad et de Doux.

Certes, la manifestation de Quimper a été maintenue malgré l’annonce par Jean-Marc Ayrault de la suspension de l’écotaxe, et la manifestation de Carhaix a vu le jour au même moment.

A Carhaix, le mot d’ordre principal était bien sûr celui du maintien de l’emploi. Mais à Quimper aussi, malgré la présence de l’UMP et du FN derrière le Medef et la FNSEA, des milliers de salariés sont venus aussi pour lutter contre les licenciements.

Le gouvernement est à la croisée des chemins

François Hollande et Jean-Marc Ayrault doivent prendre la mesure de l’évènement et surtout en tirer les leçons. En effet, si « l’épisode » breton, n’est pas reproductible de la même manière sur l’ensemble du territoire, il est malgré tout révélateur de la situation du pays.

D’un côté, un patronat qui a fait campagne contre la gauche et qui, malgré toutes les concessions qui lui ont été faites, refuse de « jouer le jeu », en veut toujours plus et saisit toutes les occasions pour mettre le gouvernement en difficulté.

De l’autre, les salariés, qui ont porté la gauche au pouvoir et attendent dans l’urgence et avec une impatience accrue d’en récolter les fruits en termes d’emploi, de salaires et d’amélioration de leurs conditions de travail et de vie.

La politique actuelle du gouvernement brouille les repères à gauche, au sein même du salariat et se retourne au final contre François Hollande sous la forme d’une pseudo « union sacrée » des licencieurs et des salariés.

C’est pourquoi il faut changer de cap maintenant ! Pour contraindre le Medef à enlever le bonnet rouge qu’il a usurpé. Imposons une réforme fiscale juste et lisible, à commencer par l’augmentation de la progressivité de l’impôt sur le revenu. Présentons une écotaxe qui soit réellement facteur de relocalisation. Exigeons du patronat de l’agro-alimentaire, en contreparties des aides qu’il demande, de vraies contraintes sur l’emploi, les salaires et les conditions de travail. Alors, le bonnet rouge deviendra le symbole du soutien des salariés à leur gouvernement contre les porteurs de haut-de-forme.

La suspension de l’écotaxe en vue de sa refonte et de la constitution d’une commission d’enquête sur Ecomouv’ (la société bénéficiaire du partenariat public-privé, choisie par le gouvernement de Sarkozy), ainsi que la fermeté de François Hollande sur la taxe à 75 % étaient nécessaires. Mais il va falloir aller plus loin, plus vite !

Document PDF à télécharger
L’article en PDF

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…