Qu'est-il arrivé ?

La force persistante du mouvement social a littéralement « déglingué » la droite au pouvoir. De 2003 à 2006, la mobilisation sociale a été étonnamment profonde et massive, exceptionnelle au monde, en 2004 et 2005, les élections ont toutes confirmé cette poussée à gauche, et, alors que la droite est impactée, la gauche ne le serait pas ? Le Ps nous sortirait un “projet” plus droitier que jamais?

On a pourtant vu le raz-de-marée du refus du Cpe déferler au point de réduire Villepin à de la bouillie dans les sondages.

On a vu un Président finissant promulguer une loi dont il demandait qu'elle ne s'applique pas, tandis que le ministre de l'intérieur chef du parti majoritaire, la sabotait, et que le Premier ministre qui ne voulait pas la retirer laissait faire les chefs de groupe parlementaire pour en ré écrire une autre. On a vu le ministre de l'intérieur porter plainte contre une calomnie censée émaner du Premier ministre et du cabinet du Président, la justice enquêter contre le Premier ministre et ledit Président, pour vérifier si les deux derniers n'avaient pas tendu un traquenard pour se débarrasser du premier. Tout cela sur fond de corruption masquée mais réelle, car il y a bien eu des rétro-commissions à Clearstream dans l'affaire non-élucidée des frégates de Taïwan.

Il y a dans le pays un refus massif, conscient, éduqué, obstiné, répété, du libéralisme, des privatisations, des méthodes économiques et industrielles dictées par le grand capital financier rapace, un refus des concentrations des richesses produites, des suppressions d'emploi, de la précarité forcée, du chômage organisé, de la fracture et des inégalités sociales.

Normalement une telle conscience populaire - qui s'est manifestée puissamment, sans ambiguïté d'interprétation - sauf pour les rédactions en chef aux ordres et les « économistes-pensée-unique » - devrait « impacter » la gauche et le Parti socialiste en son sein.

Même s'il n'en a rien été, au cours de cet « historique » Bn du Ps le 6 juin 2006. La démocratie y a été mise à mal, avec l'interdiction de défendre un projet alternatif et des amendements, ce qui est une « première » dans le Parti.

Le «projet » adopté le 6 juin a été un des plus droitiers rédigé, discuté, adopté depuis une décennie. Même la synthèse du Mans en novembre 2005 pourtant conçue comme un étouffoir après la victoire du « non » de gauche, était encore - légèrement - plus imprégnée du combat contre la réforme Fillon, du rejet du traité Constitutionnel ultra libéral européen...

Est-ce fini ? Bien sûr que non...

Tous les acteurs sociaux joueront tôt ou tard, leur partie. Les rapports de force réels se feront jour. Il sera difficile de « vendre » un projet qui se révèlera en deçà de celui, rejeté, du 21 avril 2002.

L'été, l'automne, donneront d'autres couleurs aux débats d'idées, et aux sondages, aux candidats réels et fabriqués : en attendant, faisons notre devoir, critiquons ce projet du Ps, votons « contre ». Préparons les batailles qui ne vont pas manquer : pour un vrai projet et un vrai candidat de gauche.