GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Au Parti socialiste

Congrès du PSE : clarifier pour amender

Nous reproduisons ici l’intervention  de Gérard Filoche au Bureau national du PS du mardi 7 novembre.

Puisqu‘on discute d’un projet de texte bien banal et bien creux du PSE pour son congrès, qui nous a été communiqué en anglais, je voudrais dire, comme M.-N. Lienemann et E. Maurel avant moi, que ce n’est pas avec ce genre de document qu’on retrouvera une audience sur les questions de l’Europe.

Il faut d’abord clarifier les questions des rapports de certains partis du PSE avec l’extrême droite, c’est-à-dire les exclure (Autriche).  Et aussi des rapports avec la droite, les dénoncer et les combattre (Allemagne). Et valoriser les orientations qui nous conviennent le mieux, Portugal et Grande-Bretagne, Costa et Corbyn. Tout en recherchant l’unité avec la gauche (GUE et Verts) plutôt qu’avec la droite. Ceci en vue des élections européennes prochaines.

Il faut clarifier sur les questions du libre-échange et des traités en série comme le CETA, soulignant que la dérégulation… dérégule l’Europe au détriment de ses peuples.

Ensuite, s’il faut choisir des thèmes qui soient directs et populaires, c’est sur les questions sociales qu’il faut amender :

-Sur la question de la durée maximale du travail à 48 h. Elle est toujours, et, depuis la directive 93-104 de Lisbonne, à 48 h. Mais c’était pour 15 pays, la Grande Bretagne ayant demandé une dérogation pour l’opt-out (article 18). 14 pays ont donc une durée maximale du travail qui s’impose et s’oppose aux ordonnances Macron et à ses accords d’entreprise. Quid des 13 autres pour l’essentiel arrivés en 2004 lors de l’élargissement ? Depuis 2004 la discussion a été réouverte, mais sans conclusion. Il faudrait confirmer et conclure : cela a des  conséquences sur tout, santé, emploi, rejet du dumping social, etc.

-Sur la question des « contrats zéro heure », que le texte rejette, c'est l'occasion de dénoncer les « contrat commerciaux » qui remplacent les contrats de travail façon Uber. Uber a perdu à Londres, à Madrid, à Francfort, mais ici il a gagné grâce aux lois El Khomri et Macron. On pourrait peut-être exiger qu’il soit mis fin à ces pratiques dans toute l’Europe et mener une campagne active à ce sujet.

-Sur la question des licenciements, on a Dassault, le même qui planque 1 milliard dans les paradis fiscaux, qui veut supprimer 300 emplois. Comment peut-on l’en empêcher ?  Comment, sinon en défendant et en instaurant un contrôle de la puissance publique sur les licenciements ? Cela aurait pour effet de faire reculer loin à droite les fameuses listes transeuropéennes que Macron annonce pour 2019.

- Sur la question du travail des enfants qui s’étend depuis que Villepin a permis l’apprentissage à 14 ans, le travail de nuit et du dimanche dès 15 ans et que des précautions préventives ont été enlevées, (escabeaux, échelles, machines dangereuses… ) y compris chez nous, hélas, dans le décret du 4 février 2015. Les accidents de travail des jeunes semblent augmenter davantage que les accidents du travail adulte. On devrait exiger l’interdiction de tout travail avant 16 ans, sinon 18 ans.

- Sur la question des travailleurs détachés : cela n’apporte que de la discrimination, et rien de positif, même pour les 200 000 salariés qui sont détachés et payés… comme chez nous. Cela profite par contre aux patrons français qui gagnent des millions, sinon des milliards, sur le dos des 450 000 salariés européens venus ici, qu’ils paient moins que les salariés français sur les mêmes postes de travail. C’est une discrimination intolérable, inacceptable, et il faut donc inscrire et défendre «à travail égal salaire égal » dans chaque pays. Il faut dénoncer la directive.

-Enfin pour lutter contre le dumping social, l’essentiel est le Smic. Il existe 22 pays sur 27 avec un smic. L’écart en Europe est de 1 à 9. Mais en parité de pouvoir d’achat il est de 1 à 3, ce qui rend plus crédible l’annonce d’un Smic européen. Il existe un Smic mondial depuis 1994, pour les marins, signé entre syndicats et les armateurs, il est en parité de pouvoir d’achat et révisé tous les deux ans. 18 pays européens, l’ont signé. Pourquoi ne pas parler d’un Smic routier, si on a déjà un Smic marin ? D’autant que Macron qui a frimé et s’est agité pour absolument rien sur la question des travailleurs détachés, n’a pas touché à la directive de 1996 sur les routiers. C’est un excellent angle d‘attaque, 48 h et Smic routier.

-Reste la COP 21 : si ce qu’a révélé Médiapart est vrai, cette note du gouvernement français estimant inapplicables les engagements pris sur la COP 21, ce n’est pas la peine d’aller à la COP 23. Donc il y aussi là un champ de bataille.

Je conclus en redisant que Macron, ce n’est pas la « droite banale », c’est Thatcher. Beaucoup mettent du temps à ouvrir les yeux sur l’ampleur de la casse sociale qu’il est en train de faire, mais il serait temps qu’ils s’en rendent compte et adoptent le ton de combat qui est nécessaire contre cet ennemi-là.

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