GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Claire Villiers (1951-2010)

Claire Villiers, est décédée le 3 décembre. Le cancer l’a rattrapé. Après une lutte très longue contre la maladie, une lutte en partie victorieuse puisque pendant des années, elle a continué à vivre et militer en la tenant à distance.

Plusieurs d'entre nous l'ont connue, appréciée, tant dans les combats et débats syndicaux que dans les actions d'organisation des chômeurs, les luttes pour que les secteurs les plus opprimés du prolétariat s'organisent par eux-mêmes.

Issue d’un milieu ouvrier, militante de la JOC dans sa jeunesse et membre de l’ACO, Claire incarne la gauche catholique, celle qui travaille à la synthèse entre le catholicisme social et l’histoire et les valeurs du mouvement ouvrier.

Son investissement syndical à la CFDT ANPE cherchant les voies de la défense des chômeurs, de leur organisation tout en défendant le service public de l’emploi illustre à merveille cela. Sa fidélité à ses engagements sur des valeurs et des actes, sur la défense des plus faibles, des précaires l’amènera à rompre avec la CFDT en 2003 après avoir, en vain, essayer de combattre une orientation qui conduisait avec la renégociation de la convention Unedic à abaisser les droits des chômeurs, les moyens de leur subsistance : une orientation qui accompagnait le vent du libéralisme au détriment des droits des salariés, des chômeurs, des précaires. Elle participera à la fondation du syndicat SNU ANPE affilié à la FSU.

Dans les combats syndicaux, elle portera l’exigence de l’unité inter-syndicale et cette volonté unitaire sera présente dans tous ses engagements.

C’est ce même combat pour la justice qui la fera participer à la création de l’association « Agir ensemble contre le Chômage AC ! », organiser une marche des chômeurs, rassembler les associations de lutte contre la précarité et le chômage (AC !, MNCP, APEIS).

Puis il y eut le temps de l’engagement politique dans la région Ile de France à partir d’une liste commune rassemblant communistes, citoyens, républicains. Elle sera vice-présidente de la région, en charge de la démocratie. Pas pour faire une carrière politique mais pour porter au sein même des institutions la voix de celles et de ceux qu’on n’entend pas.

Bien sûr, nous n’étions pas toujours d’accord, mais quels débats ! quelle vie ! quelles convictions partagées ! Claire c’est un peu de notre famille, de notre histoire militante qui s’en va. La cérémonie lors de ses obsèques a rassemblé toutes celles et tous ceux qui l’ont croisée ou accompagnée dans ses combats : associatifs, syndicalistes, politiques.

C’est dire l’empreinte qu’elle a imprimée et la volonté de poursuivre ses engagements de toutes celles et tous ceux qui étaient présents ou représentés. Car malgré les différences, cette présence était comme un engagement à continuer sans elle, et pourtant avec elle, les combats communs pour la justice et pour l’égalité. Comme l’a si bien dit Yves Salesse dans son témoignage, chez nous les morts ne partent pas, la lutte continue avec les morts, avec les vivants comme un long cortège qui veut aller au bout.

Elle a contribué à nourrir cette exigence d’unité. Et nous continuerons à la porter jusqu’au bout.

La rédaction de Démocratie et Socialisme

Nombreuses étaient les facettes des engagements et de la vie de Claire. Nous ne pouvons tous les citer. Nous reproduisons ci-dessous les textes de la fondation Copernic et du syndicat SNUTEFI-FSU.

Ses obsèques ont eu lieu le mercredi 8 décembre à 13h 30 à l'église Saint-Pierre - Saint-Paul à Colombes. Des dons à l'association CCFD sont souhaités par sa famille et ses proches.

Pour un aperçu de Claire Villiers sur elle-même, son cheminement militant et ses réflexions, voir son interview dans Vacarme Numéro 12 "On veut aller où ?" consultable à l'adresse : http://www.vacarme.org/article35.html

Un hommage militant lui sera rendu en janvier 2011. Dès que nous aurons les informations précises sur cet hommage, nous publierons l’information dans la lettre de D&S pour permettre à toutes celles et tous ceux qui l’ont connu de près ou de plus loin de pouvoir participer à cet hommage.


Communiqué de la Fondation Copernic.

Claire Villiers est morte le vendredi matin 3 décembre 2010. Elle avait un cancer depuis 15 ans, qui a fini par prendre sa vie malgré toute la rage qu'elle a mis à le tenir à distance, en continuant ses combats, en affirmant ses convictions, alors que l'ombre de la maladie s'étendait sur elle. Elle nous a tant appris.

Claire vivait au quotidien son engagement contre l'injustice sociale et contre ce capitalisme financier qui écrase nos vies. Elle le vivait dans ses relations avec les autres, dans ses choix personnels et politiques.

Elle était une de ces militantes de la JOC, qui a très vite décidé de prolonger son engagement chrétien en s'inscrivant dans le syndicalisme militant à la gauche de la CFDT. Elle a été l'une des figures essentielles de l'opposition à la ligne de cogestion de ce syndicat, qu'elle quitta avec d'autres pour militer au SNU.

Elle est entrée à l'ANPE en 1975 et ne cessait d'expliquer combien le chômage déstructurait les individus et pulvérisait leur rapport au monde. Elle fut co-fondatrice d'AC! et très impliquée dans le mouvement des chômeurs et précaires de la fin des années 1990.

Estimant nécessaire de faire le lien entre son engagement dans le mouvement social et la construction d'une alternative politique au libéralisme, elle a été, avec Marie-Georges Buffet, tête de liste de la Gauche Alternative et Citoyenne aux élections régionales d'Ile de France en 2004. Élue conseillère régionale dans les Hauts-de-Seine, elle était devenue vice-présidente de la région chargée de la démocratie sociale jusqu'en 2010. Plus que tout, elle aurait voulu continuer de combattre concrètement et localement les discriminations, de soutenir les associations de jeunes, de femmes, de luttes pour les droits, qui étaient pour elle l'expression vivante de la démocratie.

Elle considérait comme essentiel cet espace de pensée, cette passerelle entre le mouvement social et la gauche de transformation qu'est la Fondation Copernic dont elle a été Co-Présidente jusqu'en 2004. Elle a d'ailleurs activement participé à la campagne de la gauche antilibérale contre le Traité constitutionnel en 2005, avec la Fondation Copernic, puis a soutenu la candidature de José Bové à l'élection présidentielle de 2007, devenant l'une de ses porte-parole de campagne. Elle avait ensuite rejoint la FASE, dans le même esprit de construction d'une force alternative et sociale à gauche de la gauche.

Mais toute cette cohérence personnelle entre ses idées, sa vie et ses combats, ne suffirait pas vraiment à expliquer ce que nous avons perdu en perdant Claire, son exceptionnelle imagination politique, son éternel sourire, sa bienveillance paisible, son souci absolu de l'autre, bien plus que d'elle-même.

Nous sommes aux côtés de sa famille et de ses proches, dont nous partageons l'infinie tristesse.


Message du SNUTEFI-FSU

Claire Villiers vient de nous quitter ce matin.

C’est une perte immense pour nous toutes et tous et qui va bien au-delà de notre champ professionnel et syndical. Claire était entrée à l’ANPE en 1975 et a eu des responsabilités nationales essentielles dans l’animation de la CFDT-ANPE, puis elle a appartenu au SNU–ANPE dès sa naissance.

Naturellement elle a eu également un rôle central dans l’animation de la gauche CFDT. Claire a marqué l’histoire du mouvement social en étant plus particulièrement une des fondatrices et des animatrices du mouvement des chômeurs, en participant à la création d’Agir ensemble contre le Chômage et en devenant sa porte parole.

Elle avait décidé, avec d’autres, de porter la voix du mouvement social, de son expérience syndicale et associative dans la sphère politique, en se présentant aux élections régionales en Ile de France en 2004 dans le cadre de la liste antilibérale Alternative Citoyenne. Élue conseillère régionale, elle est devenue vice-présidente de la région Ile de France, chargée du dossier de la démocratie sociale.

Pour nombre d'entre nous, elle a marqué notre vie, par cette soif insatiable de justice sociale, de combat pour les opprimés dont elle est porteuse, avec une volonté farouche.

Claire avait le génie de mettre les gens ensemble, de les faire s’exprimer et combattre, de nous rendre plus exigeant contre les souffrances humaines, plus solidaires et plus intelligents.

Dans ce mot écrit à la hâte nous ne pouvons pas refléter toute la richesse de sa vie, mais nous tenons à souligner son engagement à l’égard de l’unité intersyndicale et ses profondes convictions féministes et internationalistes.

Elle a combattu pendant 16 ans la maladie qui vient de l’emporter. (…)

Le vide est là, et le combat contre ce système et ses désastres est un peu plus difficile ce matin, mais dans la douleur et l’émotion, nous le continuons.

Paris le 03 décembre 2010

Document PDF à télécharger
L’article en PDF

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…