GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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Cap à gauche !

Les jours qui viennent de s'écouler sont appelés à rester ancrés dans la mémoire de la gauche de ce pays pour longtemps. Dimanche, le FN l'emportait à Brignoles, investi non par une montée irrésistible des voix frontistes, mais par l'impuissance de la gauche à incarner les aspirations profondes du peuple au mieux-vivre. Mardi, les députés ont voté en première lecture la contre-réforme des retraites qui entraine de nouveaux reculs sociaux. Et le lendemain, 16 octobre, on apprenait l’expulsion d’une jeune Kosovare comme aux temps des Guéant-Sarkozy.

Le 15 octobre, les groupes radical et écologiste se sont finalement abstenus (avec une députée écologiste contre), tandis que les parlementaires FdG votaient contre le projet de loi. Dix-sept députés socialistes ont défendu l'honneur du Parti en se refusant de voter le texte gouvernemental. Combien faudra-t-il de Brignoles pour que la majorité de la direction du Parti socialiste comprenne qu'elle fait fausse route ? Quand le gouvernement fera-t-il sienne l'idée que la France est de gauche et qu'il a toutes les cartes en main pour mener une véritable politique de redistribution des richesses ? À quand le retour à l’esprit du Bourget ?

Les députés qui ont mardi dernier préféré les consignes à leur conscience avaient pourtant la solution sous leurs yeux. Malgré la résignation, et dans un contexte d’absence d'appels syndicaux à la grève, il y avait 15 000 manifestants devant le Palais Bourbon – et des dizaines de milliers partout en France – pour dire que les députés n'avaient pas le droit de s'en prendre à nos retraites. Qu'il y a d'autres choix possibles dans un pays où les 500 familles les plus riches ont vu leur fortune augmenter de 25 % en l'espace d'un an.

Le Sénat peut changer le cap !

Il est de notre devoir de socialistes de le dire au gouvernement. La quantité est en train de se transformer en qualité. L'impatience et la colère face aux inégalités criantes qui travaillent la société sont en train de laisser la place à la résignation et à la désespérance. Une majorité de gauche au Sénat peut modifier la loi. Nous en appelons à ce sursaut. Il sera d’autant plus éclatant si le mouvement social choisit de faire une démonstration de force au moment du débat au Sénat. Et pourquoi pas un dimanche à Paris en rassemblant la jeunesse, les retraités, les salariés et leur famille ?

Amender le budget

Ce n'est pas la loi de finance 2014, présentée comme un budget « orienté vers l’emploi et le pouvoir d’achat », qui va changer la donne, loin s'en faut ! Dans un pays où l'on fait cadeau au patronat de 20 milliards par an sans aucune contrepartie au nom de la sacro-sainte « compétitivité », le gouvernement n'a pas peur d'annoncer un plan de rigueur de 18 milliards d'euros ! Avec 9 milliards d'économies annoncés sur le seul budget de l’État, ce n’est pas le budget qu’on attend de la gauche ! Ce n’est pas le budget que la gauche doit adopter !

La gauche, dans ses composantes les plus combatives, a raison de mener la bataille contre toute augmentation de la TVA en 2014. L’université d'automne de « Maintenant la Gauche, le social au cœur » (courant du PS issu de la motion 3 du dernier congrès dans lequel se retrouvent les amis de Démocratie&Socialisme) l'a montré : le refus de toute augmentation de la fiscalité indirecte et la défense de nos retraites unifient nos rangs. Assez de taxes inégalitaires et de baisses de prestations ! Assez du CICE sans contrepartie et de l'augmentation de la TVA qui en est la funeste conséquence pour des millions de salariés ! Vivent l'impôt progressif et les cotisations sociales qui redistribuent les immenses richesses produites dans notre pays et dispensent le mieux-vivre ! C’est dans ce sens qu’il faut amender le projet de budget !

Non aux expulsions ! Sanctuarisons l’École !

Avec l’expulsion de Léonarda, la jeune Kosovare de 15 ans scolarisée dans le Doubs et rattrapée lors d’un voyage scolaire, la coupe est pleine. Vincent Peillon a raison de demander la sanctuarisation de l’école. Le combat de RESF soutenu pendant les années Guéant-Sarkozy ne doit pas avoir été vain. La question n’est pas de savoir si les expulsions se font « dans le respect du droit » comme l’affirme Manuel Valls mais si les valeurs de la gauche et de la République, ses valeurs d’accueil, de solidarité et de fraternité sont sauvegardées.

Il faut exiger le retour de Léonarda et l’interdiction d’expulsion des enfants scolarisés et de leurs familles pour sauver l’honneur de la gauche. Il ne s’agit pas d’enquêter « administrativement » sur ce qui s’est passé mais de faire des choix politiques. Ceux sur lesquels Hollande a été élu.

Il est plus que temps que le débat se rouvre au sein du Parti socialiste, que mille initiatives fleurissent pour ouvrir la perspective d’un gouvernement de toute la gauche répondant aux urgences sociales et démocratiques. Un changement de cap est indispensable ! Il faut rompre avec la soumission aux exigences du Medef et de la finance !

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