GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

C'est sur le terrain social que nous gagnerons la présidentielle

C'est sur le terrain social que la gauche se donnera le maximum de chances de

gagner l'élection présidentielle. C'est la leçon essentielle du 21 avril 2002: si nous quittons le terrain social, nous serons entraînés, comme en 2002,

sur un terrain qui n'est pas le notre, celui de la sécurité. Le cauchemar

d'un second tour Droite-Le Pen ressurgira.

Répondre sur le terrain social

Mais pour pouvoir gagner sur le terrain social, encore faut-il avoir des

réponses à apporter.

Le débat du 17 octobre a permis d'apprécier ce qu'étaient les réponses de

Ségolène Royal et de Laurent Fabius. Ségolène Royal utilisait la plus grande

partie de son temps à montrer à quel point elle était proche des problèmes

des Français mais ne s'attardait guère sur les réponses qu'elle se proposait

d'apporter à ces problèmes. Laurent Fabius, à l'inverse insistait sur ses

réponses qui étaient concrètes et précises. Comparons leurs réponses à

quelques problèmes sociaux essentiels.

Contre le chômage

Pour Ségolène Royal il s'agit d'adapter l'employabilité des demandeurs

d'emplois aux besoins des entreprises. C'est la même réponse que celle de la

droite : elle fait porter la responsabilité du chômage aux demandeurs

d'emplois. Cette réponse n'a rien à voir avec la réalité sociale : pour six

demandes d'emplois, il y a (au mieux) un offre d'emplois. Et ces offres

d'emplois sont souvent d'une semaine, voire moins. Si tous les demandeurs

étaient « employables » comme l'affirme Ségolène Royal le nombre de chômeurs

ne changerait donc que très marginalement. Nous l'avons constaté entre 1997

et 2002 seule la combinaison de la croissance et de la réduction du temps de

travail fait reculer le chômage.

Ségolène Royal affirme que les « 35 heures » ont été « une régression pour

une minorité de salariés ». C'est faux dit comme cela, ce n'est pas les 35h. En tant que durée légale, elles n'ont nui à personne. Mais il y a eu des

mesures limitant leur application, notamment dans les petites entreprises où

les heures supplémentaires ont été maintenues d'abord par Martine Aubry puis

par Francois Fillon a une petite majoration de 10 %.

La solution qu'elle propose va à l'encontre de ce qu'il aurait fallu faire

pour éviter cette régression. En effet, c'est justement parce que la

négociation (le «contrat») s'était substitué à la loi qu'une partie des

salariés ont eu à subir «la flexibilité et la pression au travail» que

dénonce Ségolène Royal. La seconde loi Aubry n'encadrait pas suffisamment les

35 heures et ne protégeait pas les salariés des entreprises (notamment ceux

des petites) où le rapport de forces était défavorables aux salariés. Ce que

propose Ségolène Royal en affirmant que «le contrat se substituera à la loi», c'est l'abandon de l'ordre public social en matière de durée du travail...

c'est la revendication du Medef.

Laurent Fabius, à la différence de Ségolène Royal, propose de généraliser les

35 heures réelles à toutes les entreprises. Il propose pour y parvenir de

rétablir la majoration des heures supplémentaires supprimées par la droite.

C'est un pas important vers l'objectif qui est de rendre les heures

supplémentaires plus coûteuses que l'embauche et donc de faire reculer le

chômage de masse. Il propose également de supprimer les exonérations de

cotisations sociales des grandes entreprises et d'en affecter une partie à la

création d'emplois jeunes.

L'augmentation du pouvoir d'achat

Laurent Fabius reprend l'objectif du projet du PS : le Smic à 1500 euros

bruts dans la législature. Mais il propose également qu'aussitôt arrivé au

pouvoir, un gouvernement de gauche augmente le Smic de 100 euros. Il propose

ensuite d'agir pour généraliser cette hausse à l'ensemble des petits et

moyens salaires en organisant une conférence salariale.

Cette augmentation

est à la fois juste socialement et politiquement. Socialement, elle permet de

reprendre une partie de ce que les profits ont confisqué aux salaires.

Economiquement, elle permet de relancer la consommation et donc la

croissance.

Ségolène Royal reprend l'idée d'une conférence salariale et d'un Smic à 1500

euros dans la législature. Mais elle rejette l'idée d'augmenter le Smic de

100 euros dès l'arrivée de la gauche au pouvoir. Elle estime que cette

augmentation serait « mangée par les augmentations de loyers et d'essence ».

Pense-t-elle vraiment que les loyers et l'essence augmenteront moins vite si

le Smic n'augmente pas de 100 euros dès l'arrivée de la gauche au pouvoir ?

Ne voit-elle pas que cet argument s'oppose à toute augmentation de salaires ?

Ne comprend-elle pas ce que signifie une telle augmentation pour les salariés

payés au Smic ? Elle dénonce, enfin, le « mensonge de l'indice Insee » mais,

fidèle à sa méthode, ne fait aucune proposition concrète pour modifier cet

indice.

GDF-EDF

Laurent Fabius affirme qu'il faudra renationaliser EDF. Il précise la méthode: le rachat des actions d'EDF grâce à ses bénéfices ou plus exactement son «cash-flow». Il affirme également qu'il faudra défaire la «fusion bizarroïde» de Suez et de GDF. Il propose de confier les actions de GDF détenues par

l'Etat à EDF.

Ségolène Royal n'apporte aucune réponse aux questions posées sur la

renationalisation d'EDF ou de GDF. Elle se contente d'un discours général sur

la «maîtrise publique de l'énergie» et l'importance des éoliennes.

Les retraites

Le congrès de Dijon avait adopté, à l'unanimité, une motion qui affirmait que

lorsque le Parti Socialiste reviendrait au pouvoir, il abrogerait la loi

Fillon, pour une retraite à 60 ans a taux plein.

Laurent Fabius reprend à son compte cette motion en affirmant que la loi

Fillon sera abrogée. Ségolène Royal s'est refusée à tout engagement en ce

sens.

Laurent Fabius propose qu'il n'y ait pas de retraites inférieures à 80 ou 85% du Smic. Une telle proposition permettrait d'éviter à la grande majorité

des retraités de tomber, dans 20 ou 30 ans, sous le seuil de pauvreté.

Ségolène Royal ne propose aucune solution concrète. Elle insiste surtout sur

le taux d'emploi des salariés de moins de 65 ans qui, affirme-t-elle, est en

France l'un des plus bas d'Europe. Il est difficile de ne pas en déduire

qu'elle propose d'allonger le temps de travail jusqu'à 65 ans. Alors même que

des centaines de milliers jeunes ne trouvent pas d'emplois.

Les délocalisations

Ségolène Royal compte sur l'augmentation spontanée des salaires des pays de

l'Europe de l'Est pour stopper les délocalisations en direction de ces pays.

Alors que le budget de l'Union européenne reste figé à 1% du Pib européen,

il est complètement illusoire de croire que ces pays pourront évoluer comme

l'avaient fait l'Espagne et le Portugal après leur entrée dans l'Union

européenne. En effet, les fonds structurels destinés à aider les pays

d'Europe de l'Est à rejoindre le niveau de développement de l'Europe des Quinze

sont aujourd'hui deux fois moins importants que ceux qui avaient été alloués

à l'Espagne et au Portugal. Pourtant, les écarts de niveau de salaire sont

deux fois plus importants et la population de ces pays est, elle aussi, deux

fois plus importantes que celle de l'Espagne, du Portugal.

Pour les délocalisations à l'extérieur de l'Union européenne, Ségolène Royal

propose de faire rembourser l'intégralité des aides publiques. Elle ajoute,

cependant que « certaines délocalisations sont justifiées » sans préciser

selon quels critères. Elle estime, enfin, que l'instrument essentiel contre

les délocalisations, c'est «le dialogue social». Cela risque d'être

difficile avec les patrons qui déménagent les machines en pleine nuit...

Laurent Fabius, quant à lui, ne distingue pas entre les délocalisations dans

ou hors de l'Union européenne. Il propose de frapper toutes les entreprises

qui délocalisent « à la caisse » et d'appliquer le principe du «

délocaliseur-payeur ». Il s'agit, pour lui, de responsabiliser les patrons

qui délocalisent en leur imposant le remboursement des aides publiques, le

versement de la taxe professionnelle aux collectivités locales concernées

pendant deux ans, le paiement de l'ensemble des charges de reclassement des

salariés.

Jean-Jacques Chavigné

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