C'est Madame Lagarde qui est d'un autre temps
Sur i-Télé, le 19 juillet, Christine Lagarde, a déclaré que le «carcan des
35 heures» lui paraissait «désuet et daté d¹une autre époque». «Il faut,
bien entendu, qu'il y ait un chiffre maximal» d'heures de travail, a-t-elle
concédé. «Mais dans l'intervalle, il faut de la flexibilité, il faut du
mouvement», a conclu la ministre, défendant son projet de loi pour le
travail, l'emploi et le pouvoir d'achat qui favorise le recours aux heures
supplémentaire.
C'est Madame Lagarde qui est d¹un autre temps. Du temps des Maîtres des
Forges...
Nos aînés avaient raison de lutter et de réclamer dés 1848 la baisse de la
journée de 14 h à 12 h puis à 10 h et dés le début du siècle dernier ils
réclamaient les “trois huit”,
“8 h de travail, 8 h de repos, 8 h de sommeil,” et cette revendication, non
seulement n'est pas désuète mais est de plus en plus d'actualité, avec les
énormes temps de transport qui s'ajoutent au travail.
Et en 1874, le travail de nuit a été interdit pour les enfants de moins de
16 ans, c'est le gouvernement de Mme Lagarde, un des plus désuets
réactionnaires, au sens propre, du monde, qui l'a rétabli en août 2005.
(travail des apprentis autorisé de nuit et de dimanche à partir de 15 ans
par les ordonnances du gouvernement Villepin-Sarkozy-Lagarde)
La France en adoptant en 2002 les 35 h comme “durée légale” a été à
l'avant-garde, admirée par les salariés du monde entier.
En 70 ans, nous sommes passés de 40 h (qui étaient aussi d'avant-garde) en
1936, à 39 h en 1982, et 35 h en 2002... Chaque fois avec la gauche. Nous
avons ainsi démontré qu'en 70 ans, il y avait une possibilité de progrès
pour les humains au travail : on a prouvé en 70 ans qu'on pouvait à la fois
gagner plus, produire plus et travailler moins. La France a aujourd'hui le
plus fort taux de productivité horaire au travail dans le monde. Et Lagarde,
désuète veut nous ramener au 19e siècle, sans durée légale du travail...
Pourtant cette durée légale 151 h 66 est la base de calcul du salaire, du
Smic mensualisé, des grilles salariales des conventions collectives, le
seuil de déclenchement des heures supplémentaires, elle n¹est, en effet, pas
la durée maximale. La durée maxima est, hélas, restée fixée à 48 h (au lieu
d'être abaissée à proportionnellement à 44 h ce qu'aurait du faire la
gauche) et cette durée maxima est souvent foulée aux pieds, et les libéraux
en Europe veulent actuellement la remettre en cause (opt out) et la porter à
65 h voire 72 h...
Avec prés de 4 millions de chômeurs de facto, (ACDC) on se demande comment
et pourquoi il faudrait encourager les heures supplémentaires, et laisser
les employeurs faire travailler plus ceux qui ont déjà un travail au
détriment de ceux qui n'ont pas de travail.
Avec les gains de productivité énormes qui sont faits chaque année, on se
demande pourquoi on ne les partage pas ces résultats entre tous les
salariés, au lieu d¹exclure des salariés du travail et d'imposer du
surtravail aux autres.
Dans un pays où stress, burn out, karochi, conduisent à un suicide par jour
au travail, à 700 accidents mortels, à 4500 handicapés graves, à 600 000
arrêts de travail pour maladie, (1) et où les cadences s¹intensifient en
permanence, on comprend mal que Mme Lagarde, grande riche bourgeoise, ose
aller contre un siècle de luttes en faveur de la réduction du temps de
travail.
Gérard Filoche, le 20 juillet 2007