GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Bush-Blair fauteurs de guerre pour le pétrole

Saddam Hussein a accepté les « inspections » des installations militaires et industrielles irakiennes. Mais rien n'y fait : Bush lance des ultimatum, combine la pression et contourne l'Onu, s'apprête à agir unilatéralement. L'équipe d'extrême droite au pouvoir à Washington développe le concept cynique de guerre « préventive » et affiche la prétention de renverser le régime irakien seulement parce qu'il qui lui déplait.

Les concessions irakiennes et les recommandations de dirigeants de nombreux pays n'ébranlent apparemment pas la détermination affichée par les Bush, pétroliers et anti-irakiens de père en fils, par une voie ou une autre, seuls, ou en coalition, à déclencher la guerre.

Que va faire l'Onu ?

Les résolutions de l'ONU ne se présentent pas souvent comme un rempart pour la paix. Cet organisme a parfois résisté aux pressions US, mais il a souvent cédé. Par exemple, depuis la création de l'ONU, il existe une résolution demandant que les réfugiés palestiniens puissent rentrer chez eux. Tout le monde sait que cela n'a pas été respecté et personne n'a exigé des bombardements massifs ou un changement de régime en Israël pour mettre cette résolution en application - pas même depuis que Sharon est au pouvoir. Ce type de résolution est resté lettre morte. La structure du Conseil de sécurité ainsi que les rapports de force économiques au niveau mondial font que l'Onu, loin d'être une instance neutre, est souvent une arme entre les mains des grandes puissances même si l'Onu a été créé pour éviter à l'humanité le "fléau de la guerre". Si les Etats-Unis parviennent, au moyen de pressions politiques et économiques à convaincre ledit Conseil de sécurité d'appuyer leur offensive (comme ils l'ont fait en 1991), il ne faudra pas en conclure pour autant que la guerre est légitime, mais plutôt que l'Onu a renoncé à sa mission.

Les militaires US possèdent une puissance de destruction, conventionnelle et non conventionnelle, unique dans l'histoire. Ils peuvent donc se passer de l'ONU et même de leur allié servile, la Grande-Bretagne de Tony Blair. Leur allié israélien est de loin l'état le plus puissant du Moyen Orient. La supériorité économique des Etats-Unis sur l'Irak est écrasante. A qui rime l'idée d'une « guerre préventive » ?

Il est absurde de présenter l'Irak comme une menace pour la paix.

Aucun des pays voisins de l'Irak ne la considère comme telle. Lors de la guerre Iran-Irak, qui a fait un million de morts, l'Occident a soutenu l'Irak, y compris en fournissant des armes chimiques. Saddam Hussein a reçu le nucléaire par le canal de la France, il a reçu des armes sophistiquées par les USA, tant qu'il acceptait d'être leur exécutant local. L'Irak n'a aucun moyen d'envoyer des missiles sur les Etats-Unis ou l'Europe et, surtout, il n'y a aucune raison de croire que ses dirigeants soient prêts au suicide national qu'une telle attaque impliquerait. Lors de la guerre de 1991, ils ont laissé leur pays être détruit par des armes conventionnelles plutôt que d'utiliser les armes non conventionnelles qu'ils possédaient.

La plupart des moyens d'information au niveau mondial défendent l'idée saugrenue que ce sont les USA qui sont menacés, et non l'Irak, malgré le rapport de force existant. Depuis la destruction du World trade center, l'administration républicaine aux Usa se croit tout permis. Certes, c'était un crime odieux. Pourtant ni les vietnamiens ni les millions d'autres victimes de la politique américaine depuis un demi-siècle n'ont attiré une attention des médias comparable à celle consacrée aux victimes du 11 septembre.

A quoi peut bien correspondre « la logique des sanctions » qui seraient un moyen approprié pour obtenir le désarmement unilatéral de l'Irak ? Si les sanctions étaient levées, rien n'empêcherait l'Irak de se réarmer. En attendant, l'exigence de désarmement mène à la perpétuation de sanctions qui, comme en ont témoigné des responsables du programme « pétrole pour nourriture » est une catastrophe uniquement pour la population. Exiger le désarmement unilatéral d'un seul pays dans une région où il y a des conflits et des tensions multiples n'est pas non plus raisonnable. La seule solution éventuelle passe par un désarmement global dans la région. Mais il faudrait négocier le droit des palestiniens à disposer d'un état, et désavouer Sharon.

Défendre la démocratie ?

Bush prétend vouloir renverser la dictature de Saddam Hussein. Qui accepterait que l'Inde, qui est une démocratie, envahisse la Syrie, qui est une dictature, pour y opérer un "changement de régime" ? Les renversements, par les USA, d'Arbenz au Guatemala, de Mossadegh en Iran, de Goulart au Brésil, d'Allende au Chili, de Soekarno en Indonésie, de Lumumba au Congo, les invasions ou tentatives d'invasion du Vietnam, de Cuba, de Saint-Domingue, de Grenade, de Panama, n'avaient rien à voir avec la défense de la démocratie.

Pour les Etats-Unis, il y a des bonnes dictatures et des mauvaises, comme il y a de bonnes et de mauvaises démocraties : l'Argentine est une bonne démocratie parce que la population y est atomisée et démoralisée et que les ressources nationales peuvent être bradées ; le Venezuela de Chavez est une mauvaise démocratie, pour les raisons inverses. Il est à noter que dans leur empressement à "défendre la démocratie", les Etats-Unis et l'Union Européenne ont soutenu en avril 2002 au Venezuela un des coups d'état les plus éphémères de l'histoire - pourtant fomenté par une minorité patronale, reine du pétrole, contre une majorité populaire démocratiquement élue.

Le but des Etats-Unis à travers l'Irak est de mater tout pays récalcitrant à leur domination économique. Il s'agit de s'assurer du contrôle des flux pétroliers pour les décennies à venir : c'était le même objectif fondamental en Afghanistan où les USA ont fini par faire nommer un « chef d'état », Hamid Karzai, qui était un salarié de l'Unocal, le consortium pétrolier qui projetait de construire le pipe-line susceptible de faire passer le pétrole d'Asie centrale par ce pays.

Quand au désir proclamé d'apporter la démocratie dans le monde arabe, rien ne permet d'y croire : un pays arabe qui serait véritablement démocratique tenterait de contrôler ses ressources pétrolières et serait bien plus pro-palestinien que les dictatures actuelles, parce qu'une telle attitude reflèterait les aspirations de sa population. On peut douter que c'est cela que Bush souhaite. C'est pourquoi les Usa soutiennent tellement l'Arabie saoudite, une des pires dictatures du monde s'il en est. Jusqu'au point même de fermer les yeux sur le fait que les attentats du 11 septembre 2001 aient été commis en majorité par des saoudiens, sur le fait que le chef des services secrets de cet état, le Prince Turki ait démissionné juste avant cet attentat, sur les liens maintenus de Ben Laden avec sa famille, l'une des plus importantes de ce pays.

Résolument contre toute guerre

Les arguments conte l'invasion de l'Irak ne se basent pas sur le coût de la guerre, pour nous-mêmes pour les Irakiens, sur les risques d'attentats, ou de déstabilisation de la région, ou sur les difficultés de la victoire, etc. De tels arguments ont été avancés lors de la guerre du Kosovo ou de l'Afghanistan et, lorsque les échecs prédits ne se sont pas réalisés, cela a affaibli le mouvement anti-guerre. Convenons qu'il est très possible que les Etats-Unis arrivent à leurs fins par un coup d'Etat, une insurrection ou une guerre-éclair. Ils envisagent même le crime pur et simple, l'assassinat individuel de Saddam Hussein. Ils ont procédé de la sorte très souvent dans le passé.

Notre opposition à la guerre n'est pas « technique » ni circonstanciée, elle est de principe, elle part d'une vision globale : aucune puissance n'a d'autorité pour faire régner « son » ordre, ses « intérêts » unilatéralement, par-dessus les peuples du monde et leurs représentants. Le mouvement "altermondialiste" est naturellement porteur de cette opposition de principe, dans le contexte actuel, à toute guerre des Usa contre l'Irak. Nous nous souvenons qu'après les attentats du 11 septembre 2001, il y a eu des médias pour tenter l'amalgame entre les terroristes et les altermondialistes, ils prétendaient que nos idées sur l'annulation de la dette ou de la remise en place de services publics forts, en faveur dune taxation des mouvements de capitaux, nourrissaient le terrorisme. Derrière le crime d'une guerre qui frappera en premier le peuple irakien plus que son dictateur, il y aura aussi le coup de force contre toute l'opposition anti-impérialiste qui milite dans le monde. Dans l'atmosphère guerrière, nous serons traités comme l'Irak ou la Serbie. Il y aura, comme lors de la première guerre du Golfe, comme au moment du Kosovo, comme lors des attaques de Kaboul, des campagnes haineuses, aveuglantes, et déformantes. Le « kaki » fleurira sur les écrans. Ce n'est pas étonnant : une guerre préventive contre l'Irak est un des moyens de « mondialiser par la force », de faire avec des bombardiers tout ce que les technocrates de l'OMC ne peuvent pas faire avec leurs attachés-case.

Altermondialisation et anti-impérialisme :

Les dirigeants des Etats-Unis sont, certes, forts militairement, pourtant leur forcing conte l'Irak, trop visiblement de mauvaise foi, peut leur faire perdre la bataille des idées. Nous devons au moins faire tout ce que nous pouvons pour les affaiblir sur ce plan-là. De plus, Bush s'est placé face à un dilemne: s'il n'attaque pas, ils perd son pouvoir d'intimidation. S'il attaque, il décuple la haine dont il est déjà l'objet. L'engrenage est terrible. Même en Europe, l'arrogance US suscite une forte opposition. Mais, dans les pays dominés concernés, c'est pire : cela pousse des millions de gens à admirer Bin Laden et aussi à admirer Saddam Hussein. Pourquoi? Parce qu'ils apparaissent - à tort - comme les symboles de la résistance à la domination impérialiste. Nous ne partageons une seule seconde ce point de vue : nous savons trop que le milliardaire Ben Laden est une créature de la CIA, un fanatique réactionnaire, fou de dieu, méprisant lui-aussi les peuples. Nous connaissons les méfaits du tyran Saddam Hussein, tous comme ceux des ayatollah, ou de la famille régnante en Arabie saoudite. Il n'y a pas de lien, sinon dénaturé et perverti, entre la lutte de ces fanatiques et la lutte des peuples pour leur émancipation. Mais nous savons aussi que chaque attaque américaine, chaque bombe, creuse un fossé entre ces peuples - car ce sont eux qui subissent - et le reste du monde lorsqu'il semble complice.

Faisons savoir que nous ne sommes pas complices, construisons, en France, en Europe, partout, un front de mobilisation contre la guerre impérialiste, contre la guerre du pétrole voulue unilatéralement par Bush. Préparons l'opinion a désavouer massivement la guerre qui vient. Déjà, il y a eu, dimanche 29 septembre, 200 000 manifestants à Londres contre la guerre Bush-Blair. En Europe, il peut y avoir une véritable résistance isolant Bush et Blair : comme Gérald Schröder lors de sa campagne électorale qui s'était écrié : « Bas les pattes devant l'Irak ».

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