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Budget 2019 : un constat d'échec

À l’usage, mois après mois, cela se confirme, rien n’est bon dans le Macron. Nous le savions depuis longtemps pour ce qui concerne les salariés. Mais cʼest également vrai pour lʼéconomie nationale dans son ensemble. Le budget pour lʼannée 2019, en cours de discussion au Parlement, constitue un puissant révélateur du délabrement économique et social causé par le « président des riches ».

Trois chiffres suffisent pour établir lʼincontestable échec du gouvernement. Même ses valets médiatiques sont contraints de reconnaître que la croissance est en berne. Avec une prévision revue à la baisse à hauteur de 1;7 % pour 2019 – prévision pourtant hautement optimiste vu les 0,2 % de croissance du 1er trimestre 2018 –, la France est lanterne rouge du peloton européen. Le gouvernement ne cesse de proclamer que le déficit se situera malgré tout « sous la barre des 3 % » du PIB, mais les chiffrages successifs, frôlant dangereusement le seuil fatidique, laissent entendre que rien nʼest moins sûr. Ce qui signifie que les objectifs austéritaires insensés fixés par la Bruxelles ne sont même pas sûrs d’être atteints en dépit de ce budget anti-social et anti-services publics. Mécaniquement, le maintien du déficit budgétaire dans une économie nationale déprimée provoque une nouvelle explosion de la dette publique, qui sʼétablit maintenant à plus de 98 % du PIB.

À lʼheure des bilans

Toutefois le tableau nʼest pas complet. Car jusquʼici, nous nous sommes placés sur le terrain de nos adversaires, qui sont persuadés que lʼefficience économique est la mesure de toute chose. Or, le bilan de Macron, cʼest avant tout un désastre social sans précédent pour les nôtres.

En un an, le chômage a augmenté de 2,3 %, toutes catégories confondues, de telle sorte que le nombre de salariés privés dʼemploi sʼélève aujourdʼhui à 6,7 millions. On pensait que le plafond de verre était atteint, mais le tandem Macron-Philippe est parvenu à le franchir. Lʼancien ministre de l’Économie et des Finances de Hollande ne nous avait-il pas prévenu quʼil nʼétait pas là « pour sauver les jobs existants » ? Comble du cynisme, ces chiffres alarmants nʼempêchent pas le gouvernement dʼannoncer la casse de lʼassurance chômage, le larcin contre les ayant-droits sʼélevant à la bagatelle de 3,5 milliards dʼeuros.

Les salaires, bloqués depuis des lustres, sont maintenant rognés par une inflation de plus de 2,3 %. Cʼest terrible pour les petits salaires et surtout pour les petites retraites, déjà grevées par la hausse de la CSG. Il y a plus de 9 millions de pauvres dans notre pays et la farce du « Plan pauvreté » de Macron fait mourir de rire les riches si bien servis, quant à eux, par « leur » président.

Les effets dévastateurs des ordonnances Pénicaud commencent par ailleurs à se faire sentir dans les entreprises. La santé au travail est démantelée, la médecine du travail dérégulée et le patronat déresponsabilisé. La macronisation se lit dans le nombre de saisines des prudʼhommes : 15 % de moins en 2017, et sans doute 40 % en 2018.

Alors que les besoins sont immenses dans les transports, lʼenvironnement, les écoles ou encore les hôpitaux, le budget 2019 nous annonce un recul massif des investissements publics. Et que dire des comptes de la Sécu au beau fixe ? Il en faut du cynisme pour profiter de cette embellie apparente pour annoncer que les excédents des caisses ont vocation à éponger les dettes de lʼÉtat ! La mise en coupe réglée de notre protection sociale pour financer les cadeaux fiscaux faits aux riches : ils en rêvaient secrètement ; Macron entend, lui, la réaliser.

À quand lʼexplosion ?

Imagine-t-on quʼun pareil traitement, infligé à un pays qui disposait encore il y a peu d’un modèle social relativement protecteur, puisse aller jusqu’au bout sans résistance massive de la part des salariés ? Macron nous fait revenir au XIXe siècle à grand pas. Ce serait un immense bond en arrière, si nous ne l’arrêtons pas. Pour faire passer l’impensable, lui et sa bande d’En marche mentent, truquent, dissimulent, manipulent ! Mais, malgré toutes les manœuvres, le vernis sʼest craquelé depuis des mois, à mesure que tombent les masques présentables dont sʼétait paré le macronisme triomphant des origines – élections obligent !

Cette politique thatchérienne décomplexée déborde du simple champ socio-économique et ses dimensions liberticides, rétrogrades et autoritaires sont maintenant patentes : port dʼarme autorisé pour les vigiles, abandon à leur triste sort des migrants de l’Aquarius, sélections dans lʼenseignement supérieur via la procédure Parcoursup qui opère un véritable tri social, asséchement financier des associations, marginalisation des corps intermédiaires collectifs, mépris affiché pour les organisations syndicales, aspiration à une refondation bonapartiste de la Ve République...

Nous sentons depuis des mois que la colère monte dans le pays. Une étincelle peut mettre le feu aux poudres. Mais quand se produira-t-elle ?

Cet article de notre camarade Gérard Filoche est à retrouver dans la revue Démocratie&Socialisme n°248 d'octobre 2018.

 

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