GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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BN du PS : Intervention de Gérard Filoche

Le 22 septembre 2013, Angela Merkel était battue aux élections. Oui, il y a cinq ans, la gauche était majoritaire en Allemagne : le SPD, Die Linke, et les Grünen avaient 800 000 voix et 8 sièges de plus que la droite CDU-CSU. La gauche aurait pu gouverner depuis cinq ans et changer le visage de l’Europe libérale empêchant sa soumission à l’ordo-libéralisme façon Schauble. Mais le SPD a refusé d’aller à gauche, d’unir la gauche, de se comporter en parti social-démocrate à gauche. Il s’est allié « en grande coalition » à droite avec Merkel pendant 5 ans. Et le peuple allemand, le salariat allemand, les précaires allemands, les petits boulots allemands, les pauvres allemands ont payé le prix de cette trahison pendant cinq ans. Et au bout de cinq ans, les inégalités se sont creusées et l’extrême droite est montée en puissance : pas de surprise à cela, partout où cela se passe ainsi le résultat est le même. Cruel.  Et maintenant le SPD, au plus bas de son histoire, dit « non je ne fais plus d’alliance ». C’est bien lourd, bien tard, pas excusable.

 Les peuples européens ont besoin de gauche comme c’est le cas en Grande-Bretagne avec le Labour de Jeremy Corbyn qui peut arriver au pouvoir dans peu de temps, vu la situation de Theresa May. Merkel a perdu 9 points dimanche, le SPD a perdu 5 points ; la « grande coalition » est désavouée, alors qu’elle servait ici de modèle à beaucoup d’égarés qui sont allés se perdre à droite chez Macron. Et cette défaite du SPD est une leçon pour nous : Grünen et Die Linke n’ont pas reculé, l’unité de la gauche est en fait la seule issue en Allemagne… comme ici.

Sur la feuille de route et le vote du 28 septembre.

Je rappelle que depuis le premier jour, et lors du CN du 8 juillet je me suis opposé à toute cette démarche. Nous étions 17 à voter contre au CN et 20 abstentions. Votre démarche est bureaucratique, et pas politique comme il le faudrait.

Assez de « purges », d’exclusions, comme dans l’Allier (127 militants font appel au BN), comme en Côte d’Or (ou les militants de gauche sont virés en leur absence), comme dans le Pas de Calais, dans le O4, et un peu partout. Assez de huis clos obscurs, de manœuvres, ce n’est pas digne. Parlons politique. Immédiatement.

 Il faut d’abord faire un bilan du quinquennat : on ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé, comme si la politique Hollande ne nous avait pas fait perdre 7 élections consécutives – et même notre siège national. Cela a été une liquidation. Il faut clarifier et s’en dégager. C’est un préalable à tout. Le reste, embrouillaminis de réunions, de conventions statutaires visant à étouffer et écarter la politique, ces « questions d’entreprises » formatées, orientées,  nous le disons, les militants doivent balayer cela, ça mérite le moins de voix possible, d’être raturé ou ignoré, ce n’est pas le sujet.

Parlons du fond, du fond, du fond.

Elisons un secrétaire, pas à huis clos, pas dans un petit cénacle. Vite le congrès POLITIQUE.  Et largement ouvert à tous nos sympathisants.

L’explication de ce qui s’est passé n’a rien à voir avec le fonctionnement, les motions, ou la division. Ce qui nous a divisé, c’est la ligne politique de Hollande-Valls-Macron. Ça nous a cassé littéralement. Revenons à gauche. Revenons aux fondamentaux.

 Ce qui s’est passé au Sénat, bien que le scrutin soit alambiqué et trompeur, vaut coup d’arrêt à Macron. Cela fait 130 parlementaires au PS, mais à condition qu’ils s’orientent à gauche, qu’ils combattent l’ennemi, Macron.

Car si Macron nous a pris des voix, c’est bel et bien à gauche que nous les retrouvons et c’est bien l’union de la gauche qui assure nos sièges, nos élus.

 Combattre fermement frontalement Macron et sa politique est la clef de notre refondation, reconstruction. Ce n’est donc plus supporter de mener campagne en « souhaitant que Macron réussisse son quinquennat » car dire cela introduit toutes  les confusions, annihile tout effort de clarification. C’est souhaiter que Macron fasse mal à notre peuple, aux salariés, que Thatcher triomphe, que le mouvement social perde. Aucun dirigeant en vue de notre parti ne doit dire cela ! On ne peut l’accepter, surtout d’un porte-parole.

 Il faut mener campagne avec le mouvement social, soutenir les routiers, les cheminots, la mobilisation des fonctionnaires du 10 octobre. Il faut déposer des recours auprès de la CJCE, de l’OIT. La Charte européenne des droits humains de 1999 s’oppose à un plafonnement des indemnités aux prud’hommes ; l’OIT aussi, pareil pour le droit du licenciement. Les ordonnances Macron sont attaquables et condamnables, faisons-le.

Mais il faut savoir ce nous que disons, nous ? Qu’il faut abroger El Khomri, oui ou non ? Voulons-nous toujours faciliter les licenciements ou non ? Voulons-nous contrôler les licenciements, oui ou non ? On ne peut se battre et être audibles sans réponses sur le fond ! Si on veut être écoutés, il faut proposer : proposer de reconstruire un code du travail contre les exigences du Medef !

Il faudrait aussi faire un grand appel et un collectif national contre la suppression des emplois aidés, le « plan social » de 123 000 suppressions d’emploi que fait Macron. Moi, partout où je passe en province, on me parle de ça. Agissons nationalement. Prenons des initiatives de combat anti Macron et proposons-les à FI, au PCF, aux Verts.

Je ne suis pas allé samedi à la manifestation de FI pour la seule raison qu’elle n’était pas unitaire, mais je suis pour qu’on construise une manifestation unitaire avec FI, et toute la gauche. Ils ont eu le même succès relatif ou insuccès que le 6 mai 2013 ou le 1er décembre 2013.  Cela prouve qu’il y a des forces militantes importantes prêtes à s’engager, derrière ceux qui agissent le plus. Mais ce n’est évidemment pas suffisant. Il faut bien mieux, il faut nous y mettre, il faut une grande dynamique unitaire pour vaincre Macron. Un vrai et grand mouvement de masse, pas seulement dans les rues mais dans les entreprises, comme en mai 68. Il faut en créer les conditions, offrir un débouché politique, et c’est l’unité de la gauche seule qui peut le permettre.

Gérard Filoche

 

 

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