BDS
L’acronyme peut induire en erreur,
mais non, il ne s’agit pas d’une
nouvelle version destinée à remplacer
le freinage ABS, à moins qu’on ne
veuille considérer ainsi un système, ou
plus exactement une campagne civile
internationale oeuvrant à freiner et à
mettre fin à la manière éhontée dont l’État
d’Israël traite les Palestiniens. B
signifie Boycottage, D est là pour
Désinvestissement, et S veut dire
Sanctions.
Cet appel, dont l’intitulé précis est«Appel de la Société Civile
Palestinienne : Appel au Boycott, aux
Sanctions et aux Retraits des
Investissements contre Israël jusqu’à
ce qu’il applique le Droit International
et les Principes Universels des Droits
de l’Homme », a été lancé le 9 juillet
2005 par 106 organisations de la société
civile palestinienne, et peut être consulté
en ligne à l’adresse
Ainsi que l’explique Michel
Warschawski, cet appel donne « l’occasion
au mouvement international de solidarité
d’associer la protestation contre
l’occupation et la colonisation à une
phase offensive où Israël se retrouve tenu
de payer un prix pour ses violations systématiques
du droit international ». (2)
Une brochure réalisée par la CAPJO (3)
Europalestine, « Le boycott d’Israël :
Pourquoi ? Comment ? », rappelle :
« Gaza, on n’oublie pas. La campagne
internationale de boycott d’Israël pourrait
se suffire d’une seule raison : le massacre
organisé, prémédité, atroce, d’une
population sans défense, prise au piège
d’un blocus hermétique pendant trois
semaines sanglantes ». Le blocus, qui,
selon le droit international, constitue un
acte de guerre, dure encore.
Naomi Klein s’indigne à juste titre : « Ça
suffit. Cela a trop duré. Le temps du boycott
est venu. La meilleure façon de faire
cesser cette occupation sanglante est de
cibler Israël avec le même type de mouvement
que celui qui a mis fin à l’apartheid
en Afrique du Sud.
Les sanctions économiques représentent
l’arme la plus efficace de l’arsenal de la
non-violence : y renoncer frise la complicité
active »
. (1)Et c’est là que les difficultés commencent.
Chacun se souvient des déboires de
Jean-Claude Willem, maire de Séclin
(Nord) débouté par la Cour Européenne
des Droits de l’Homme (4). Ce qu’il faut
en retenir, notamment pour les élus,
c’est :
Qu’il est problématique (interdit) d’organiser
un boycott officiel pour une collectivité
locale.
Qu’il reste possible d’exprimer une opinion
personnelle en appelant aux instances
étatiques officielles de l’organiser,
aux individus d’agir selon leur conscience.
La tâche n’est donc pas impossible. Les
dirigeants sionistes de l’État israélien en
sont conscients, et se lancent du coup
dans une nouvelle manoeuvre qui vise à
brouiller la traçabilité des produits
exportés :
C’est ainsi que disparaît sur certains produits
le début du code indiquant leur pays
d’origine (729, pour les produits en provenance
d’Israël).
Il est également impossible de déterminer
ceux qui sont en provenance des territoires
palestiniens occupés, et dont la
commercialisation sous une appellation
d’origine différente est parfaitement illégale.
Leurs nationalisations européennes
hâtives devraient pourtant se faire dresser
les cheveux sur la tête des Besson et
autres Hortefeux, non ? Il s’agit essentiellement
de fleurs, fruits et légumes,
ainsi que de cosmétiques. En cas de
doute, il est recommandé de s’adresser
au service des douanes.
Manœuvres et menaces révèlent cependant,
à leur corps défendant, l’efficacité
de la campagne. La banque hollandaise
ASN Bank et le fonds de pension suédois
AP7 ont ainsi mis Alstom et Veolia sur
leur liste noire, en raison de leur implication
dans la construction d’un tramway
faisant allègrement fi du statut de
Jérusalem-Est.
De nombreuses associations, ainsi que
plusieurs organisations syndicales et
politiques, y compris en France, se sont
d’ores et déjà prononcées en faveur de la
campagne BDS.
Le parti Socialiste, dont les principes
s’opposent à toutes les discriminations,
s’honorerait en se joignant à une campagne
dont les fondements se situent sur
exactement les mêmes principes (5).
Philippe Lewandowski
(1): Naomi Klein, dans The Guardian,
10 janvier 2009, citée dans la brochure de
la CAPJO. (retour)
(2): Michel Warschawski, BDS et industrie
de la paix : des voies qui s’excluent
mutuellement
, www.infopalestine.net,consulté le 6 décembre 2009. (retour)
(3): CAPJO : Coordination des Appels
pour une Paix Juste au Proche-Orient. Site
internet : www.europalestine.com. (retour)
(4): Voir l’article du site
consulté le 6 décembre 2009. (retour)
(5): Pour en savoir plus : Campagne BDS
France
consulté le 6 décembre 2009. (retour)