GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Écologie

A quoi sert un ministre de l'écologie ?

La nomination du ministre de l’Écologie est toujours impatiemment attendue par les commentateurs, les prétendus experts et les politiques. Comme si changer de ministre, en matière d’écologie, d’environnement et de transition énergétique, suffisait pour changer le cap. Or, force est de constater que ce n’est pas le ministre qui fait changer le cap, mais bien le « cap » qui restreint le champ d’action ministériel.

François de Rugy et Nicolas Hulot depuis l’élection d’Emmanuel Macron, ou encore Ségolène Royal, Philippe Martin, Delphine Batho sous le quinquennat précédent... Et à chaque fois la même rengaine : elle ou il parviendra sans nul doute à traduire dans les faits l’exigence écologique, car cumulant volontarisme politique, fort caractère personnel et sensibilité environnementale chevillée au corps.

La nomination de Nicolas Hulot fut, sans aucun doute, l’illustration parfaite de la banalisation de ce storytelling politique. Les réactions positives avaient alors été nombreuses. L’astrophysicien Hubert Reeves, saluait en cette décision présidentielle une « bonne surprise ». Europe Écologie-Les Verts disait avoir « confiance dans les convictions et l’intégrité » du président de la Fondation pour la Nature et l’Homme, et considérait du coup sa nomination « comme un signal positif ». Le député En Marche ! (ex-écolo), Matthieu Orphelin, y voyait quant à lui « une excellente nouvelle pour le pays ». N’en jetez plus !

Peu de place dans un gouvernement libéral

Évidemment, rien ne s’est passé comme prévu. C’est même le moins que l’on puisse dire ! Nicolas Hulot a avalé son chapeau et pas mal de couleuvres, perdant patiemment la plupart des arbitrages : refus d’inscription dans la loi de la fin à venir du glyphosate, position molle de la France sur l’interdiction des perturbateurs endocriniens, report de l’objectif initial de réduire de 50 % la part du nucléaire dans la production énergétique, une loi Égalité et alimentation (dite loi EGalim), qui ne bouleverse en rien le modèle agricole dominant... Et – cerise sur le gâteau – la baisse du prix du permis de chasse, ultime coup de grâce porté à un ministre déjà bien acculé.

Une preuve tangible, s’il en fallait une, que l’écologie n’a que peu de place dans un gouvernement libéral : les ministres de l’Écologie sont ceux qui valsent le plus vite ! Le temps du casting et du recrutement semble parfois bien long en regard du peu de mois de présence effective desdits ministres...

Une alternative : l’écosocialisme

Mettre en œuvre une politique résolument tournée vers la préservation de la nature, le respect de la biodiversité, le compromis social et environnemental exige un préalable : lutter contre le système capitaliste. L’écologie politique, c’est une rupture. Une rupture de gauche, de transformation sociale. C’est une volonté de mettre l’économie au pas, de privilégier les femmes, les hommes, les enfants. Et leur environnement, sans lequel ils et elles ne peuvent s’épanouir.

Peut-être les espoirs placés ici-et-là dans les personnalités précitées peuvent-ils, marginalement, être utiles. Soutenir un ministre de l’Écologie à bout de bras, c’est, d’une certaine manière, participer du rapport de force global contre le pouvoir en place, et donc l’aider un peu à verdir la politique générale du pays. Mais c’est souvent et surtout cheminer en sens inverse, sur une route où sont lancés à vive allure les véhicules qui transportent les grandes firmes industrielles, les géants de l’agroalimentaire, les lobbyistes du carbone...

L’écologie politique sans socialisme se réduit à des actions ponctuelles, des prises de conscience individuelles. Elle ne sort pas du cadre général du capitalisme. Et les individus, aussi volontaires et convaincus soient-ils, ne changeront pas le monde dans un tel système. C’est bel et bien une alternative politique écosocialiste qu’il nous faut construire. Cette perspective – la seule viable pour l’Humanité – implique de rompre avec la croyance analgisante en une femme ou un homme providentiel(le).

Cet article de notre camarade Marlène Collineau est à retrouver dans le n°262 de février 2018 de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale. 

 

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