GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

À nouveau, un inspecteur du travail s’est suicidé

Un jeune inspecteur du Nord, Romain Lecoustre s’est pendu le 18 janvier. Il n’est hélas, pas le premier. Nous avons en mémoire la perte cruelle le 4 mai 2011 de notre collègue Luc Béal-Raynaldi. L’émotion nous frappe et nous laisse avec un goût amer, impuissant et vengeur.

Tous les syndicats, unis, ont appelé à faire grève mardi 24 janvier 2012.

Car la surcharge de travail et les pratiques de la direction locale du travail sont reconnues par tous les collègues de Romain, (un jeune homme qui n’avait pas besoin de se forcer pour sourire, qui était fraternel avec les autres) comme la cause principale de son suicide : passionné professionnellement, mais désespéré des blocages mis à son action, il avait déjà attenté à ses jours en juillet 2011.

Dès le 25 août, lui-même, ses proches collègues, les syndicats avaient alerté sur sa situation contre les multiples tracassins dont il était victime. En face il n’y a eu qu’inertie et déni de la hiérarchie face au risque psycho social évident encouru. Désorganisation des services, pression permanente contre les missions, mises en danger délibéré d’autrui, ont conduit à cet acte terrible.

Les chefs actuels de l’inspection du travail au plan national, nommés par la droite sont des ennemis de l’inspection. C’est difficile à croire de l’extérieur, mais c’est comme ça. Leur vision libérale ne colle pas avec le contrôle et la sanction des patrons dont ils sont les amis. Alors pour passer l’inspection à l’acide du Medef, ils veulent casser au bulldozer sa tradition de service public ouvert et utilisent, au nom de la « RGPP » des méthodes similaires à celles qui ont fait tant de ravages à France Télécoms :

  • Casse des directions départementales et régionales, remplacées par des directions DIRECCT étrangères à la culture, aux missions de l’inspection et à ses critères d’indépendance définis par l’OIT (« l’inspection du travail a pour mission d’alerter les gouvernements en place sur le sort qui est fait aux salariés » Convention 81 de l’OIT)
  • Pressions croissantes sur les chiffres et sur une organisation des contrôles non plus basés sur les besoins des ayants droits salariés mais uniquement déterminées par les « consignes » du Ministère (avec des « notations » hiérarchiques en forme de petites croix sur des longues et absurdes pages de questionnaires qui servent à juger les agents).
  • Individualisation et arbitraire des primes et promotions, mesures disciplinaires y compris sur le déroulement de carrière et le régime indemnitaire
  • Destruction des secrétariats de sections, remodelage forcé des moyens et fonctions
  • Sous effectif chronique entraînant pour les agents, un débordement par les tâches, des intérims, aggravant en profondeur les conditions de travail et touchant à leur santé au travail.
  • À leur tête, Jean-Denis Combrexelle, le directeur général du travail nommé sous la gauche a servi la droite avec un zèle inouï. C’est le « Besson » du droit du travail, c’est lui qui a présidé à la sale « recodification du code du travail entre décembre 2004 et le 1er mai 2008. C’est lui aussi qui pendant cette -période déjeunait chaque mois avec Denis Gautier-Sauvagnac, le chef corrompu du patronat qui détenait la caisse noire de 600 millions d’euros de l’UIMM. Combrexelle a été félicité pour son œuvre destructrice du Code du travail depuis 10 ans par Xavier Bertrand.

    C’est aussi Combrexelle qui avait encouragé l’entreprise Guinot à me faire un long procès pour « entrave à un CE ».

    Pourvu qu’après mai-juin 2012, “la République rattrape” ces gens-là et corrige leurs méfaits !

    Gérard Filoche, lundi 26 janvier

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