Chacun sent que ce régime est devenu illégitime quelque part, en dépit de l'élection de l'an passé : c'est un président en rupture avec toute la société française, et particulièrement avec ceux qui produisent les richesses de ce pays, les salariés. Qui a intérêt à garder cinq ans Nicolas Sarkozy comme président ? Très peu de gens, moins de 2 % des habitants les plus riches de ce pays, et encore, à Neuilly, ils se plaignent aussi de ses méthodes, maintenant. Les intégristes néo-libéraux, les chefs du CAC 40 et du Medef, les 500 familles les plus riches, les idéologues réactionnaires des églises, et les stipendiés, les « jaunes », ceux qui « mangent » dans sa main. Si vous n'êtes pas grand actionnaire, vous perdrez chaque jour du pouvoir d'achat, soumis à un chômage qui perdure au-delà de tout ce qui est supportable, tandis que la misère s'accroît avec 7 millions de travailleurs pauvres, précaires, sans avenir.

« Bling-Bling » prétend que « les caisses sont vies » alors qu'elles n'ont jamais été aussi pleines : plus de 105 milliards de profits en 2007 pour le seul CAC 40, (contre 100 milliards en 2006, 87 milliards en 2005, 67 milliards en 2004, 57 milliards en 2003, la culbute en cinq ans). Les 500 familles empocheront encore plus en 2007 et il y a toujours 160 milliards d'euros siphonnés par les profits aux salaires… de quoi conduire, avec une autre politique fiscale, et une augmentation générale des salaires, une politique alternative de redistribution des richesses.

L'enjeu politique immédiat ce sont les municipales : au début, Bling Bling voulait en faire une grande bataille politique, prêt à aller partout… il a changé en cours de route, pour ne pas faire perdre son camp. Alors il crée des diversions, sur la religion ou sur sa vie privée, essaie d'aller voir des ouvriers de Gandrange, ou d'Alsthom avec des caméras. Mais il ne peut aller répondre aux vrais problémes : ceux des courageuses caissières de Carrefour et de toute la grande distribution, des grévistes de chez Miko, des contrôleurs aériens, des cuisiniers sans papier des Chez Coste, avenue de la grande armée, des syndicats de Loréal, ceux de Michelin-Kleber, de Génerali, des AGF, les pharmaciens de Girex, les postiers de courrier international, ou les ouvriers de l'Imprimerie nationale. La plaine ne demande qu'à s'enflammer sur les salaires, plus que ce qu'en dit la grande presse, partout des conflits surgissent perdurent, se nourrissent l'un l'autre.

Bling-bling veut faire subir un traitement de cheval à la société, il l'agresse tous azimuts telle qu'elle est depuis 60 ans, hé bien, il va recevoir en retour une réaction d'autodéfense du corps social. Elle se prépare.

A nous, la gauche de diffuser optimisme, courage, audace : il faut au maximum que les voix se portent à gauche, même sans amour particulier, pour elle et ses dirigeants actuels, il faut au maximum les 9 et 16 mars prochain, la déroute de l'UMP, de tous ses notables, ce sera celle de Bling-Bling lui-même. Puis, il faut oser la lutte, car n'est pas Thatcher qui veut : la tradition de notre pays, est faite de mouvements d'ensemble, spontanés, puissants, irréductibles. « Augmenter les salaires », en certaines circonstances, est un mot d'ordre capable de concentrer toutes les autres revendications, capable de redonner confiance, et de faire gagner : il peut aussi permettre d'abréger ce mandat odieux de Sarkozy, en lui enlevant crédit, audience, autorité, plus tôt que prévu.