GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Syndicats

3 questions à René Defroment

Quel est le climat syndical en Auvergne, en ce début d'automne ?


Dès la rentrée de septembre, le syndicat régional de la défense jusque-là pro-confédéral, dont étaient issus le secrétaire de l'UD 63 et de la Fédération annonçait le départ de 95 % de ses 400 adhérents à l'UNSA.

Le climat est plutôt à la morosité pour ceux qui ne veulent pas quitter la CFDT. Il n'y a plus de dynamisme. J'en veux pour preuve deux exemples. Michel Jalmain, le signataire des accords UNEDIC et intermittents devait animer l'assemblée générale de rentrée de l'Union Départementale qui est pro-confédérale, des intermittents du spectacle préviennent la presse de leur intention de demander à Michel Jalmain un débat public. Ce dernier informé à son tour refuse courageusement de venir. Une trentaine de militants Cfdt seront venus pour constater que Michel Jalmain a eu peur d'un débat public avec 2 intermittents du spectacle. Le deuxième exemple se passe dans une assemblée générale des communaux, un camarade d'une ville de 5000 habitants explique qu'au mois d'avril, il avait contacté 30 collègues qui étaient d'accord pour créer une section syndicale, au mois de septembre, plus aucun n'était d'accord pour le faire avec la CFDT.

Lors du congrès de l'URI, le 13 octobre, la majorité des syndicats et des mandats étaient largement représentés, malgré un boycott de la confédération et de ses partisans. Un rapport d'activité sur l'action de la CFDT Auvergne sur le dossier des retraites était soumis au débat. Approuver l'action régionale, c'était désapprouver la confédération. Le vote était sans appel puisque le quitus était donné à 96,5 % des mandats. Le boycott n'a pas évité la sanction donnée à la confédération. Le vote massif de la dissolution de l'Ud-Cfdt de Haute-Loire donne le ton pour les départs, une quinzaine de syndicats représentant 8000 adhérents ont programmé leur congrès de dissolution d'ici à la fin de l'année. À cela s'ajoute le départ de sections représentant des centaines de syndiqués de l'EDF, de la Banque de France, des cliniques privées, de la métallurgie, de la chimie en plus des départs de la défense nationale.

Quelles perspectives ont les militants et les adhérents CFDT déçus par l'attitude de la direction confédérale ?

Il faut être réaliste, la direction de la CFDT s'est inscrite comme interlocuteur privilégié du patronat en pleine tourmente libérale pour longtemps, s'il existait un doute, il suffit de regarder son attitude sur les chômeurs et les intermittents du spectacle. Toulisse annonce au Cnc : « défendre les acquis est un acte conservateur . "Quant à la reconstruction d'une opposition, elle est plus qu'hypothétique. Des secteurs importants de la FGTE, de l'Auvergne et de l'opposition traditionnelle quittent la CFDT. Les nouvelles têtes sont coupées dès qu'elles dépassent comme en Savoie.

Après en avoir discuté quelque mois avec nos équipes, nous proposons de rejoindre la CGT.

Nous avons pratiqué et défendu pendant des décennies, le syndicalisme interprofessionnel, nous n'avons eu de cesse de rassembler, ce n'est pas pour appeler à son éparpillement aujourd'hui. Le mouvement du printemps n'a fait que renforcer cette vérité, ce n'est qu'ensemble public et privé que nous pouvons gagner.

Des réticences existent parmi nos camarades pour rejoindre la CGT, l'organisation confédérée qui a le plus mobilisé, des décennies de division ne s'effacent pas d'un coup. Mais discussion après discussion, la perspective de construire le syndicalisme unifié de demain apparaît comme la seule perspective réaliste pour s'opposer aux reculs sociaux que veulent imposer Raffarin et le Medef. D'ici à la fin de l'année, 5000 à 6000 adhérents Cfdt d'Auvergne devraient rejoindre la CGT. D'autres équipes, en attente d'un changement inespéré de la CFDT nous rejoindront ultérieurement, car il reste beaucoup de militants honnêtes à la CFDT.

Que se passe-il dans les autres régions de la CFDT ?


Nous avons quelques contacts avec les autres Interpros qui se situaient dans l'opposition, on a souvent l'impression qu'aucune perspective de construire le syndicalisme n'est offerte. On assiste à des départs de syndicats de communaux à la FSU, mais ce choix prive les autres équipes de l'Interpro de perspectives et les condamne à rester sans enthousiasme ni tonus dans la CFDT. Du coup les départs éparpillés et individuels se succèdent.

La confédération annonce dès maintenant en interne une baisse de ces adhérents due souvent au nombre très faible des adhésions. Ainsi la seule Fédération des Postes et Télécoms annonce 1200 départs. La chute des effectifs de la confédération sera beaucoup plus significative au moment des comptes de l'année 2004 en avril 2005.

La prochaine annonce de départs groupés vers la CGT, chez les cheminots, les routiers et en Auvergne devraient offrir à tous une perspective pour la construction de l'avenir syndical à la hauteur des enjeux y compris européens et mondiaux.

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